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Mon père était coiffeur, et il allait devoir raser la tête de sa fille ?

Diagnostic Traitement Coupe de coeur

15/04/2021 – Lorsque Mieke entend tomber le diagnostic – cancer du sein – les questions se bousculent dans sa tête. Une seule ne la tourmente pas, celle de savoir comment elle va vivre la perte de ses cheveux. C'est grâce à une bonne dose d'humour qu'elle entreprend son combat contre la maladie et sa future alopécie. Mais quand le moment est venu et qu'elle a commencé à perdre les premières mèches de cheveux, ça a été plus douloureux qu'elle ne le pensait. Courageusement, elle nous raconte son histoire, entre larmes et sourires.

“Lorsque l'inox froid de la tondeuse a glissé sur mon crâne, je me suis rendu compte que ce n'était pas une étape comme les autres dans le processus de guérison… Tout à coup, la maladie devient visible. En même temps que ses cheveux on perd sa confiance en soi, sa confiance en son corps et, l'espace d'un instant, le courage de poursuivre la lutte.”

Quand ils pensent cancer et chimiothérapie, beaucoup de gens pensent aussitôt à des crânes chauves, mais je dois dire, moi, c'était le dernier de mes soucis. Je voulais juste guérir et vivre encore de nombreuses années. Et si ce crâne chauve devait faire partie du processus de guérison, eh bien soit.

Entre la semaine du diagnostic et le début de la chimiothérapie, nous avons plaisanté en famille – entre deux crises de larmes – sur ma future alopécie. Nous avons fantasmé sur les perruques colorées et les autocollants kiwi. Au cours de la même période, je suis allée voir une des infirmières spécialisées qui, sans couper les cheveux en quatre (LOL !), m’a expliqué toutes les étapes auxquelles j'allais être confrontée. En plus des avantages et des inconvénients des perruques et des foulards, elle a décrit, quasi au jour près, ce que je ressentirais quand je commencerais vraiment à perdre mes cheveux. Et ça s'est passé comme elle l'avait prédit.

Entre la première et la deuxième séance de chimio, j'ai commencé à ressentir une légère douleur au niveau du cuir chevelu. Les femmes qui portent souvent une queue de cheval sauront ce que je veux dire : comme la sensation d'avoir tiré trop fort sur l'élastique. Par sécurité, je posais déjà une serviette sur mon oreiller. Une nuit, j'ai inconsciemment passé ma main dans mes cheveux et j'ai senti de très fins cheveux rester entre mes doigts. Hyper choquée, j'ai réveillé mon mari et là, nous avons pleuré ensemble.

Les jours suivants, j'ai perdu de plus en plus de cheveux. Pas d'un coup par touffes, mais assez progressivement pour que je doive les couper de plus en plus court, dans l'espoir de rendre les zones dégarnies moins visibles. Mon père, qui a été le meilleur coiffeur de la région pendant 40 ans, a assumé cette tâche très difficile et très chargée émotionnellement. Jour après jour, mes cheveux tombaient de plus en plus vite, jusqu'à ce que je doive me décider à tout raser. Pour mon père, c'était beaucoup lui demander de faire ça pour sa fille malade.

Du crâne chauve à la tête de kiwi, en passant par la coupe garçonne, puis le retour aux cheveux longs

Jeudi 6 octobre, soit exactement cinq semaines après le diagnostic, je suis allée chez le coiffeur qui m'avait entre-temps réalisé une perruque sur mesure. Lorsque l'inox froid de la tondeuse a glissé sur ma tête, je me suis rendu compte que ce n'était pas une étape comme les autres dans le processus de guérison… Tout à coup, la maladie devient visible. En même temps que ses cheveux on perd sa confiance en soi, sa confiance en son corps et, l'espace d'un instant, le courage de poursuivre la lutte. Comme une petite fille, j'ai pleuré en silence pendant que ma mère me tenait la main. Immédiatement, la perruque a été ajustée sur ma tête et je suis rentrée chez moi avec une "nouvelle tête", soulagée que ce moment si pénible soit passé. En arrivant à la maison, j'ai rassemblé notre famille et je lui ai montré mon crâne nu. "Maman, tu es belle comme tu es, enlève cette perruque", ont dit mes enfants. J'ai gardé la perruque pendant une heure. Ma garde-robe s'est peu à peu remplie d'écharpes et de chapeaux mais, à la maison, je gardais toujours la tête nue.

Malgré le fait d'avoir minimisé la perte de cheveux le jour du diagnostic, je ne pouvais m'empêcher de vérifier chaque jour si des cheveux repoussaient... À la mi-décembre, vers la moitié de mes 20 semaines de chimiothérapie, c'était en effet le cas. Des poils duveteux sont apparus sur ma tête. J'ai dû attendre un peu plus longtemps pour retrouver mes sourcils, mais nous parvenions déjà à blaguer et à coller des stickers kiwi sur ma tête.

A partir de là, mes cheveux n'ont cessé de repousser. Pour ma dernière séance de chimio, j'ai pu enlever mon chapeau et lorsque les traitements de radiothérapie ont commencé, quelques semaines plus tard, j'avais déjà une belle "coupe garçonne". J'ai attendu deux ans après mon traitement pour me recouper les cheveux. La peur que cela m'arrive de nouveau est toujours présente, c'est pour cela que je veux profiter à fond de mes cheveux longs – en fait beaucoup trop longs.

Au centre de jour oncologique, j'ai rencontré de nombreuses compagnes d'infortune et chacune garde une vision différente, un souvenir différent, de cette période d'alopécie franchement pénible. Chaque femme doit décider, pour elle-même, si elle préfère porter une perruque, un bonnet, un foulard ou même rien du tout. La période de traitement est suffisamment difficile pour que l'on n'aie pas en plus à se soucier de ce qui est le mieux ou de ce que les autres penseront. Rester soi-même, "être" et "vivre" tout simplement, voilà, je pense, la plus belle chose qu'on puisse faire pour soi.

Texte rédigé par Mieke Vanhuyse

Collage Mieke
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