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Témoignage d’Evy : Écrire pour guérir et se connecter

Dépistage Diagnostic Traitement Après le cancer du sein

22/12/2021 – Evy a découvert qu’elle avait un cancer du sein juste avant son 39e anniversaire. Après, tout est allé très vite : examens en série, tumorectomie, hormonothérapie… De plus, parce qu’elle était porteuse du gène BRCA1*, elle s’est soumise à une ablation préventive des seins. La maladie l’a obligée à se séparer de son ancien corps. Et, comme elle avait du mal à parler de son cancer à voix haute, elle a tout mis par écrit. “Garder la trace de tout ce qui m’arrivait m’a aidée à faire mon deuil. Écrire est pour moi la meilleure manière de guérir, mais aussi de me connecter à mon entourage.”

“Je le savais”

“L’année dernière, à Noël, j’ai senti une douleur dans ma poitrine. Comme j’étais convaincue que quelque chose n’allait pas, je suis allée voir mon médecin. Et c’est ainsi que je me suis retrouvée, le premier lundi de la nouvelle année, dans la salle d’attente du radiologue. À partir de là, tout s’est enchaîné. Le même jour, j’ai palpé une boule dans ce même sein. Au départ, on m’a rassurée, en me disant qu’il s’agissait peut-être d’une tumeur bénigne, mais mes signaux corporels m’indiquaient le contraire. Après une biopsie, il s’est avéré que je souffrais d’un cancer du sein hormonodépendant, un carcinome canalaire infiltrant**. Le médecin m’a inondée d’informations médicales, dont il ressortait que j’avais un cancer, mais sans qu’il ne l’exprime jamais aussi simplement.

Lorsque je me suis rendu compte que la tumeur était bel et bien maligne et que je devais subir une quantité d’examens pour détecter d’éventuelles métastases, le sol s’est dérobé sous mes pieds. Je m’inquiétais pour mon fils Cas et ce qu’il allait devenir. J’avais terriblement peur de mourir, mais j’éprouvais aussi une incroyable volonté de vivre.”

Adieu à mon ancien corps

“Après les examens, j’ai subi une tumorectomie. Mon cancer n’avait pas métastasé, mais il avait un degré de différenciation élevé, ce qui signifie que les cellules cancéreuses se développent beaucoup plus vite que les cellules normales. J’ai aussitôt commencé une hormonothérapie qui devait durer 5 à 10 ans. Ce traitement m’a catapultée dans la ménopause, mais j’ai au moins évité la chimiothérapie. Bien sûr, la boîte posée sur le comptoir de la cuisine contenait plus de pilules qu’il n’y a de boules dans un distributeur de chewing-gum, et j’avais lu des histoires terrifiantes sur les effets secondaires de l’hormonothérapie, mais je refusais de me plaindre.

Comme j’étais porteuse du gène BRCA1, j’ai décidé, après concertation avec l’hôpital et mon compagnon, de me faire enlever les deux seins, les ovaires et l’utérus à titre préventif. L’intervention, qui s’est bien déroulée, appartient désormais au passé. Mais, maintenant que je suis en pleine phase de récupération, je dois reconnaître que j’avais sous-estimé la lourdeur de l’opération. Mentalement, j’avais dit adieu à mon ancien corps avant d’entrer à l’hôpital. Mais, pour la première fois, à cause de la douleur, de la fatigue et d’un affaiblissement généralisé, je me suis vraiment rendu compte que j’étais atteinte d’un cancer. Et ça ne m’a pas plu du tout.”

Confrontation à la mortalité

“Les quelques personnes à qui j’avais parlé de la douleur et de la boule dans ma poitrine partaient du principe qu’il s’agissait d’une tumeur bénigne. Personne ne s’attendait à une mauvaise nouvelle. Certains n’ont pas su quoi dire, d’autres ont peu à peu disparu de ma vie. Mon cancer les confrontait à leur propre mortalité, et ça leur faisait peur. Je ne leur en veux pas, d’autant que d’autres se sont rapprochés de moi. Et ont exprimé leur solidarité par un simple ‘Tu sais, je pense à toi !’, mais aussi par des fleurs, des textos, un soutien émotionnel et une aide pratique.

J’ai établi une liste des personnes sur lesquelles je pouvais compter, en précisant pourquoi je pouvais m’adresser à elles, et ça m’a épargné bien des désillusions. Certaines de ces personnes ont une vie bien remplie, sont physiquement handicapées, ont une grande famille ou pas de voiture. Elles ne peuvent pas m’aider autant qu’un chauffeur de taxi ou un coursier, mais elles sont toujours disponibles pour un coup de fil réconfortant. D’autres sont carrément époustouflantes quand je demande un coup de main pratique, mais l’aspect émotionnel du cancer les dépasse. Même si, d’après mon expérience, se blottir l’un contre l’autre est au moins aussi important que de faire un saut au supermarché !”

Voir plus loin

“Et ce soutien, j’en avais tellement besoin ! Je pense que, depuis mon diagnostic, il n’y a aucune émotion que je n’aie pas expérimentée. J’avais du mal à dire à voix haute que j’avais un cancer du sein. La mutation BRCA1 m’avait obligée à opter pour une ablation préventive que je ne tenais pas à évoquer. J’avais honte, je me cachais. Qu’est-ce que les gens allaient penser de moi ? Une vraie poule mouillée… Donc, j’en disais le moins possible, mais je mettais tout par écrit. Garder la trace de tout ce qui m’arrivait m’a aidée à faire mon deuil. J’ai réuni mes récits sur un blog, et j’ai invité un certain nombre de mes proches à les lire. De cette manière, j’ai pu les tenir au courant, sans être directement confrontée à leurs réactions. Depuis lors, la honte de la maladie a diminué. Plus mon blog avait de lecteurs, plus je recevais des messages d’encouragement. Écrire est pour moi la meilleure manière de guérir, mais aussi de me connecter à mon entourage.

Tout se passe comme si, le jour de mon diagnostic, une partie de moi était morte et avait été remplacée par une autre. Il me semble désormais impossible de redevenir celle que j’étais, et ce ne serait peut-être pas une bonne idée. La vie est dure, mais néanmoins belle. Je suis toujours en traitement, mais j’ai bien l’intention d’en sortir plus forte. Avec des relations plus vraies, et toute la sagesse que la maladie m’a apportée. Mais, en même temps, je sais que tout est axé sur la situation actuelle. Que sera demain ? Comme je n’ai aucune garantie à ce sujet, je mise tout sur ‘maintenant’, et je vis au jour le jour. Pour ma vie de ‘maintenant’, c’est le rythme idéal.”

Découvrez le blog d’Evy sur les bons et les moins bons côtés du cancer du sein :
https://www.mademoisellelunettes.be/ontboezemingen/


*: gène BRCA1 : BRCA est l’abréviation de BReast CAncer. Les porteurs d’une mutation du gène BRCA courent un risque accru de cancer du sein ou de l’ovaire. Pour les femmes qui sont porteuses d’une mutation du gène BRCA, le risque de cancer du sein atteint 60 à 80% et celui de cancer de l’ovaire 20 à 40%. Les hommes aussi peuvent être porteurs de cette mutation. Source : https://www.brcafrance.fr/suivi-brca/

**: Carcinome canalaire infiltrant (CCI) : Infiltrant signifie que le cancer risque de se propager aux ganglions lymphatiques et à d’autres parties du corps. Canalaire signifie que le cancer prend naissance dans les canaux mammaires. Et carcinome est un autre mot pour tumeur maligne. Source : https://www.cancer.be/cancer-du-sein/symptomes

Evy Vandenbril website
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