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À cause du diagnostic de cancer du sein de sa mère, Cato a appris à jouir de la vie

Diagnostic Traitement Après le cancer du sein

13/12/2021 - En plus d’être un choc pour le patient lui-même, un diagnostic de cancer du sein bouleverse la vie de ses proches. Cato Geeroms en a fait l’expérience. “J’étais une étudiante de 18 ans quand j’ai découvert que ma mère souffrait d’un cancer du sein. Ce diagnostic a changé ma vie pour de bon !”

“Je me souviens parfaitement du moment où j’ai été confrontée pour la première fois à l’expression ‘cancer du sein’. C’était la fin de l’année, ‘Music For Life’ passait à la radio et j’essayais de gérer mon premier blocus de l’enseignement supérieur. Normalement, je kotais pendant la semaine, mais, pour étudier, j’avais préféré revenir à la maison. Là au moins, je n’avais pas à me préoccuper des tâches ménagères – notamment la cuisine !

Comme ma maman collectionnait les petits problèmes de santé, je ne me suis pas inquiétée de la voir se rendre une fois de plus chez son médecin. Mais, ensuite, les consultations se sont succédé à un rythme accéléré. Et, lorsque mon père a accompagné ma mère à son énième rendez-vous chez un spécialiste, j’ai su qu’il y avait un problème. Comme j’écoutais Music For Life pendant une pause, j’ai fondu en larmes en entendant une chanson de Coldplay. Je sentais que l’avenir ne nous réservait rien de bon. Peu de temps après, mes parents m’ont appris que ma mère souffrait d’un cancer du sein et qu’elle devait subir des traitements médicaux.”

Besoin de soutien et d’adaptation

“Cette période reste plutôt floue dans mon souvenir. La tumorectomie a eu lieu quelques semaines plus tard, le jour de mon tout premier examen, et mes notes s’en sont ressenties. Comme j’étais en kot toute la semaine, je ne pouvais pas accompagner ma mère à ses séances de chimio et de radiothérapie. Mais je revenais à la maison tous les week-ends pour la soutenir. Sinon, je me serais sentie coupable. J’en ai d’ailleurs fait une habitude pendant mes études.

Après une année de chimio et de radiothérapie, ma mère a été déclarée en rémission. Mais nous n’avons pas tardé à comprendre qu’elle gardait des séquelles durables de ses traitements. Elle se fatiguait plus vite, de sorte que les longues excursions n’étaient plus d’actualité. Et nous devions également adapter nos petits voyages familiaux pour qu’elle puisse les apprécier à fond. Pour une semaine à la mer, par exemple, nous louions un appartement sur la digue, afin qu’elle n’ait que quelques pas à faire pour profiter de la plage. Elle présentait aussi des troubles de la mémoire, et elle se plaignait d’un manque de sensibilité dans le bout des doigts, qu’elle considérait comme le pire effet secondaire des traitements, car il empiétait sur une de ses activités de loisirs préférées, la création de cartes de vœux. Les manipulations délicates exigées par certaines techniques lui étaient devenues impossibles.”

Un choix difficile

“Pourtant, ma mère a toujours fait preuve d’un grand courage. Pendant la plus grande partie de son traitement, elle s’est montrée résolument positive. Et elle l’est restée quand son cancer a récidivé, deux ans après le premier diagnostic. Les médecins lui ont trouvé des tumeurs dans le foie, apparemment difficiles à traiter. Au début, pourtant, mes parents étaient persuadés que ma mère pouvait encore guérir.

Pour ma part, quand j’ai appris que le cancer avait atteint son foie, j’ai immédiatement pris conscience que la maladie était devenue incurable. On n’a qu’un seul foie, et c’est un organe d’une telle importance ! Mes parents me déconseillaient de chercher des infos à ce sujet sur le net, mais je me réfugiais dans les toilettes pour le faire. Et mes lectures ont confirmé ce que je pressentais : ma mère n’y survivrait pas.

Au fil des années, les traitements se sont enchaînés. Tous avaient le même but : prolonger au maximum la vie de ma mère. La fin de ma formation m’a placée devant un choix difficile : poursuivre mes études et donc rester absente de chez moi, ou commencer à travailler et revenir habiter à la maison. J’avais envie de continuer à étudier, mais je voulais aussi passer du temps avec ma mère. En fin de compte, après quelques entretiens avec un psychologue, j’ai tranché en faveur des études. Le psychologue m’a fait comprendre qu’il était important d’accomplir des choses pour moi-même. C’était ma vie, et je devais en faire ce que je voulais.”

Étreindre la vie !

“C’est seulement aujourd’hui que je mesure tout ce que j’ai sacrifié pendant ces cinq années où le cancer a peu à peu envahi notre quotidien. Quand on est dans le mouvement, on se dit parfois qu’on prend beaucoup de libertés, mais, en fait, c’est tout le contraire. Sans même s’en rendre compte, on ne vit que pour la personne atteinte d’un cancer. Mes études m’apparaissaient plutôt comme une distraction par rapport à ce qui se passait à la maison. Comme ma vie sociale était en veilleuse, la plupart de mes amitiés étaient promises à une fin prématurée. Et, dès que je m’accordais une sortie ou un plaisir, je me sentais coupable. N’aurais-je pas mieux fait de rester à la maison, pour faire la lessive ou prêter une oreille attentive ?

Ne me comprenez pas mal. Je ne regrette rien, et certainement pas la manière dont j’ai assumé la situation à l’époque. Le cancer du sein, ça vous tombe dessus, et tout le monde y réagit à sa manière, même les proches des personnes malades. Il a changé ma vie du tout au tout. Ma mère n’est malheureusement plus là. Nous l’avons perdue l’année dernière. Mais, si cette épreuve m’a appris quelque chose, c’est qu’il faut profiter de la vie. L’étreindre de toutes ses forces, saisir toutes les chances qu’elle vous offre. C’est pourquoi, au début de l’année prochaine, je m’envole vers de nouveaux horizons. Sans ce fichu cancer, je n’aurais jamais fait ce choix, mais qui sait ce qu’il va m’apporter ? En tout cas, avec un pareil ange gardien pour veiller sur moi, je suis sûre que tout ira bien.”

Écrit par Cato Geeroms

Traduction par Marie-Françoise Dispa

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