Je vis ! Je ne le faisais peut-être pas pleinement avant…
Témoignage23/02/2023 - Nathalie a fait une fausse couche. Et c’est précisément le jour où elle aurait dû accoucher qu’elle a reçu de manière inattendue un diagnostic de cancer du sein. Elle a malgré tout trouvé le courage de parler de sa grossesse, de son combat contre le cancer du sein et de son désir d’enfant.
« J’ai appris que j’étais enceinte de mon deuxième enfant en janvier 2021, mais il m’est arrivé ce que raconte la chanson de Baz Luhrmann : “The real troubles in your life are apt to be things that never crossed your worried mind, the kind that blindside you at 4 p.m. on some idle Tuesday.” L’ironie des petites choses… Je me rappelle avoir écrit ceci sur mes cartes de vœux après la première vague de coronavirus : “Oublions vite 2020, 2021 sera forcément une meilleure année !” Je ne suis pas vraiment superstitieuse, mais c’est comme si, en écrivant ces mots, j’avais jeté un mauvais sort sur mon année 2021…
Perdre son enfant
Notre monde, à mon conjoint et moi, s’est écroulé en mars 2021. Lors d’une visite de contrôle, le gynécologue nous a annoncé que notre bébé avait trop de liquide sous le dos et qu’il souffrait probablement d’une malformation. S’en est suivie une batterie d’examens. De longues semaines marquées par des moments d’espoir et de désespoir… jusqu’à l’horrible coup de téléphone qui est venu confirmer la malformation. Nous avons fait le choix déchirant d’interrompre la grossesse. À seize semaines de grossesse, j’ai accouché d’une petite fille que j’aurais tant aimé voir grandir.
Le signe avant-coureur
En août 2021, nous sommes partis en vacances à trois et nous en avons profité au maximum. Pourtant, mon cœur se serrait chaque fois que je voyais une femme enceinte, un bébé ou une famille de deux enfants. Pendant ces vacances, j’ai senti une petite bosse dans mon sein gauche alors que je prenais ma douche. Comme je venais d’avoir mes règles et que j’avais pris des médicaments contre la montée de lait juste après l’accouchement, je me suis simplement dit que mes seins n’étaient pas encore tout à fait remis.
Un mois plus tard, mon conjoint a lui aussi remarqué que j’avais une grosse bosse dure au niveau du sein. Je l’ai encore mise sur le compte de mes règles, mais j’ai tout de même consulté ma généraliste par mesure de sécurité. D’après elle, il s’agissait probablement d’un kyste ou d’une glande mammaire enflammée. Elle m’a prescrit une mammographie, une échographie et une ponction, juste pour être sûre. Le résultat des examens n’était pas bon. Le 27 septembre, le jour présumé de la naissance de mon “enfant des étoiles”, qui coïncidait d’ailleurs avec la date d’anniversaire de mon conjoint, on m’a annoncé que j’avais un cancer. Un cancer du sein triple négatif, qu’il allait falloir traiter par chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie. La tumeur ne semblait heureusement pas encore métastasée.
Le traitement
La spécialiste du sein de Louvain a pris le temps de répondre à toutes mes questions et de m’expliquer le plus clairement possible ce qui m’attendait. Elle m’a demandé si nous voulions un autre enfant : j’ai répondu “non” sans hésiter. Je ne voulais pas revivre l’horreur de mon premier accouchement ni le chagrin de ma deuxième grossesse. Je me disais que le traitement du cancer mettrait déjà suffisamment mon corps à rude épreuve. Maintenant que mon traitement est terminé, je regrette parfois de ne pas y avoir réfléchi plus longuement à l’époque.
J’ai donc embarqué dans le train express du cancer… Un train que je n’aurais jamais pensé prendre, a fortiori à 35 ans. J’ai écrit des lettres d’adieu et j’ai pleuré à l’idée de ne plus être là pour aider mon fils à faire ses premiers devoirs. J’ai subi seize cures de chimiothérapie difficiles et j’ai subi de nombreux désagréments. J’ai eu le coronavirus et j’ai découvert que j’étais allergique au carboplatine, un anticancéreux. Le médicament a heureusement fini par faire effet ; après la chimiothérapie, la tumeur avait disparu. J’ai subi une chirurgie réparatrice et, par chance, la cicatrice est presque invisible.
Le soutien de l’entourage
Mes parents, mon conjoint, mon fils et mon entourage m’ont beaucoup soutenue dès le début. Ils me font sentir qu’ils sont à mes côtés. Pendant les longues heures d’attente en chimio, mon père m’a énormément soutenue et nous nous sommes encore rapprochés. Mon conjoint a, lui aussi, toujours été là pour moi. Notre couple est plus solide que jamais. J’ai aussi gagné une amie pour la vie, Karen, qui m’a épaulée de mille et une manières. En revanche, certaines personnes de mon entourage se sont fermées quand elles ont appris que j’avais un cancer. J’ai eu du mal à l’encaisser. Comme elles n’ont pas pris de mes nouvelles pendant des mois, il semble encore plus difficile pour elles de renouer le contact aujourd’hui.
Un regard optimiste sur l’avenir
J’envisage le fait de m’en être sortie comme une seconde chance. L’expérience du cancer m’a surtout appris une chose : je veux consacrer mon énergie à tout ce qui m’apporte de l’énergie positive en retour. À 37 ans, j’ai l’impression d’avoir trouvé une sagesse que beaucoup de gens n’acquièrent que bien plus tard. J’apprécie davantage les petits bonheurs et je sais ce que je veux et qui je veux dans ma vie.
J’aimerais dire une chose à tous ceux qui entament le même parcours que moi et que la crainte de l’inconnu empêche de dormir : ça va aller ! Il m’arrive encore d’avoir peur. Mes cheveux doivent encore pousser de 30 cm avant de retrouver leur longueur, mon corps ne sera plus jamais comme avant et je souffre encore de pas mal de petits maux. Mais je vis ! Je ne le faisais peut-être pas pleinement avant mon cancer… Je compte bien me rattraper ! »
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