L'Homme Du Mois : collaborateur anonyme chez Carrefour
Prévention DépistageAu début de cette année, Carrefour a lancé un calendrier avec 12 employés qui posent nus. Les recettes du calendrier vont intégralement à notre asbl. Chaque mois, nous présentons L’Homme Du Mois sur notre site. Ce mois-ci, c’est un collaborateur anonyme de chez Carrefour. “Si je témoigne, c’est pour soutenir la cause. Mais aussi pour une femme qui a eu une grande importance dans ma vie : F. Une belle femme d’Eire que j’ai rencontrée en avril 2008, au coin café d’un magasin Carrefour. Elle travaillait chez nous pour trois mois, en tant qu’ expat, via une entreprise externe.”
Le destin
“Nous nous sommes trouvé des intérêts communs et nous sommes allés manger un bout ensemble. Ça a très vite cliqué, et elle a emménagé chez moi. Au terme de sa mission, F. a décidé de rester en Belgique. Nous avions l’impression que l’avenir nous appartenait. Jusqu’à ce jour fatidique, en 2009. Elle a reçu un coup de téléphone de son gynécologue en Eire, qui lui a annoncé que quelque chose clochait dans son dernier examen. Il lui a donc demandé de rentrer en Eire pour approfondir les recherches. Finalement, F. a décidé de rester ici, en Belgique, et de poursuivre les examens à l’hôpital universitaire de Louvain. Le verdict est alors tombé : cancer du col de l’utérus. Ils ont commencé tout de suite avec la chimiothérapie, suivies d’un traitement en médecine nucléaire de 72 heures, des sessions d’une heure et demie. Les résultats étaient bons, et le cancer semblait avoir disparu. Mais en 2010, six mois plus tard, la maladie a refait surface. Le traitement avait affecté le système des ganglions lymphatiques (qui protège le corps contre les infections, ndlr). F. a commencé à gon er, à cause de l’accumulation d’eau dans son corps, et sa santé s’est rapidement dégradée.
Elle a tout de même tenu à rester en Belgique, et elle est toujours restée positive. On aurait franchement dit, parfois, que c’était elle qui me soutenait. Ce n’est que quand son état s’est vraiment aggravé que nous nous sommes dit qu’il valait mieux qu’elle retourne auprès de sa famille, en Eire. En 2011, durant l’été, elle a pris son courage à deux mains pour revenir une fois de plus en Belgique. Cela peut sembler étrange, mais c’était une femme forte, qui refusait de rester assise dans son coin. Quand elle est arrivée chez nous, suite à son vol, elle a eu une attaque et est restée sept jours en soins intensifs. Elle est ensuite retournée en Eire, où je l’ai rejointe peu après pour fêter son anniversaire. Après avoir passé une semaine auprès d’elle à l’hôpital, je suis rentré en Belgique le 13 octobre pour le travail. Un jour plus tard, elle est décédée. Il était 12h30 quand son frère m’a appelé. Elle venait d’avoir 37 ans.
Une belle femme forte
F. avait un caractère fort et un solide sens de l’humour. Elle parlait beaucoup. Elle s’est battue contre la maladie avec beaucoup de cou- rage. Jamais elle ne se plaignait ou ne s’apitoyait sur son sort. Elle a même continué à conduire, jusqu’au bout. Elle prenait tout ce qu’il y avait à prendre. Et c’était une belle femme : partout où elle allait, elle attirait les regards. En 2009, quand le diagnostic est tombé, j’ai simplement continué à travailler. Nous ne voulions pas rester chez nous à nous lamenter sur notre sort. Mais quand je rentrais le soir, je prenais soin de F. et nous nous racontions notre journée.
Aujourd’hui, je me dis qu’il doit bien y avoir quelque chose, après la mort. Le jour où elle est morte, F. était sur le canapé, entourée de sa famille. Le prêtre qui était présent l’a regardée et lui a demandé comment elle se sentait. F. l’a regardé droit dans les yeux, puis son frère pour dire “Quelle question” ... Elle a fermé les yeux, c’était ni. Aujourd’hui, je fais toujours la comparaison avec un CD et un lecteur de CD. Le lecteur de CD, c’est le corps, et le disque, c’est l’esprit. Si on allume le lecteur et qu’on y introduit un CD, cela fait de la musique. Et ce n’est pas parce que le lecteur est cassé que le disque l’est aussi. Je ne peux croire qu’un être humain puisse être ainsi conscient jusqu’au dernier moment et puis totalement disparaître, en fermant les yeux. Le corps de F. était détruit par les rayons, mais nous avons ri et parlé quasiment jusqu’au dernier jour. Il m’est impossible de croire que tout cela s’arrête d’un seul coup, d’un claquement de doigts.
Contrôle
Les initiatives en matière de prévention me font toujours réfléchir. Pourtant, je n’ai rien changé à ma vie, ni pendant ni après la maladie de F.. C’est vrai que je n’ai encore jamais eu de problèmes physiques graves. Je touche du bois. Et F. avait un mode de vie plutôt sain. C’est vrai qu’elle fumait, avant, mais elle a arrêté après notre rencontre. Et puis elle a vécu presque toute sa vie à la campagne, en Eire, à manger de la très bonne viande locale et des légumes du potager. Pour moi, sa maladie, c’est plutôt comme un mauvais ticket à la loterie. Fumer augmente les risques de cancer du poumon. Mais le cancer du col de l’utérus... Je ne sais pas. Parfois, c’est juste une question de malchance.
Le cancer, c’est vraiment une vicieuse maladie. Notamment parce qu’on apprend souvent trop tard qu’on est malade. Ce que je veux conseiller à tout le monde, c’est donc de se faire examiner à temps, surtout à partir d’un certain âge. À un moment, quand elle était encore en Eire, F. devait se faire examiner par son gynécologue. Comme elle venait travailler en Belgique, elle a retardé sa visite de six mois. Après, elle n’avait “pas le temps”, et elle a encore remis cette visite. Un an et demi se sont écoulés comme ça. Quand elle a en n fait l’examen, le diagnostic est tombé le jour suivant : cancer de phase 4, c’est-à-dire le stade le plus avancé. Peut-être que si elle s’était fait examiner 1,5 ans plus tôt, cela n’au- rait pas été le cas, et elle aurait pu échapper à la maladie.”
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