"Pendant et jusqu'à 6 mois après le traitement, vous, en tant que patiente atteinte d'un cancer du sein, avez 'droit' à un soutien psychologique, m'a-t-elle dit. Eline m'a demandé si je trouverais ça intéressant. J'ai immédiatement commencé à pleurer. Ça ne pouvait pas être plus clair.

Ce à quoi vous ne vous attendiez pas vous arrive soudainement et c'est incompréhensible. Après les hauts et les bas émotionnels qui précèdent le début du traitement, vous êtes toujours aux prises avec de nombreuses questions et préoccupations.

Vous voulez vous montrer forte. Pour vous-même, pour votre famille, vos parents et vos amis. Mais c'est trop, en fait. Eline m'a appris que je ne devais pas me montrer forte, parce que j’étais déjà forte, quoi qu’il en soit.

Ce qu'il y a de bien avec le soutien psychologique en cas de cancer, c'est que vous êtes au centre. Qu'avec tous vos soucis et toutes vos peurs, vous pouvez aller voir quelqu'un qui comprend parfaitement ce que vous ressentez, sans avoir à peser vos mots. Bien sûr, vous pouvez aussi vous tourner vers votre partenaire ou vos amis, mais vous ne voulez pas les accabler ou les inquiéter tout le temps. Et malgré l'amour et le soutien que vous recevez, c’est vous qui êtes seule avec votre cancer. Après tout, c’est vous qui avez un cancer et pas tous ces gens adorables autour de vous.

Le contexte clinique des consultations est un atout. Cela donne un sentiment de sécurité. Eline est 'onco-' psychologue et est donc membre du « COM » (consultation oncologique multidisciplinaire) hebdomadaire. Elle connaît parfaitement mon dossier médical, elle me parle donc aussi des différentes phases du traitement et de leur impact sur ma personne.

En écoutant et en réfléchissant avec moi, Eline a pu mettre le doigt sur un certain nombre d'aspects difficiles à traiter de ma "nouvelle" vie. La question d'Eline qui m'a le plus aidée était : « Pensez-vous que le cancer a changé votre identité ? » C'était une bonne question, mais c'était aussi la goutte qui a fait déborder le vase. J'ai beaucoup pleuré pour ça et ça m’arrive encore parfois. Mais ça signifie aussi que je peux y travailler, et en faire quelque chose.

Les gens me posent souvent la question: « Est-ce que vous voyez la Vie différemment, à présent ?» Et bien sûr, la réponse est "oui". Mais vous ne pouvez pas dire exactement ce que cela signifie. Grâce aux conseils d'un membre de l'équipe d'oncologie, vous avez une meilleure idée de votre vulnérabilité, de ce que vous avez appris sur vous-même durant ces mois difficiles et comment vous pouvez l'utiliser dans votre vie après un cancer.

Je suis tellement reconnaissante à Eline. Nous sommes maintenant un an et demi après la fin de mon traitement, mais je la vois toujours toutes les 6 semaines. Souvent, il s'agit encore de cancer. Tout aussi souvent, il s'agit de ma nouvelle vie, de mes rêves et de mes ambitions, de mes peurs et de mes soucis.

L'image ci-dessous est celle du banc sur lequel j'ai éclaté en larmes après mon diagnostic. Je m'assois toujours là juste avant ou après un check-up ou une conversation avec Eline. J'y pleure de nouveau, mais maintenant, depuis la perspective et la conscience que la vie est précieuse. Les gens ne devraient pas avoir peur de demander de l'aide psychologique et certainement pas les patients atteints de cancer. C'est pourquoi je souhaite une « Eline » à chaque patient atteint du cancer."