Le cancer fait peur, surtout la première année qui suit le diagnostic. Mais la crainte d’une rechute peut aussi se manifester violemment plus tard, notamment lors des contrôles. C’est normal. La plupart des patients qui survivent à un cancer y sont régulièrement confrontés.

Afin d’évaluer l’ampleur du problème, on utilise des questionnaires qui permettent de mesurer ces sentiments d’anxiété. Certains sont validés : le Cancer Worry Scale et le Fear of Progression Questionnaire. On y a recours dans le cadre de la recherche scientifique. Les recherches basées sur le Cancer Worry Scale montrent qu’en moyenne, 73 % des personnes qui ont survécu à un cancer ressentent parfois de l’anxiété, 49 % y sont régulièrement en proie et 7 % souffrent d’une forte anxiété. L’anxiété est généralement plus intense chez les plus jeunes, chez les femmes, dans la première année qui suit le diagnostic et en cas de pronostic moins favorable. La peur de la rechute peut se manifester par des angoisses, de la nervosité, un sommeil de mauvaise qualité ou une incapacité à lâcher prise. Le risque de stress et de dépression augmente. L’anxiété empêche de trouver du plaisir dans les choses qu’on aimait faire auparavant et entraîne parfois une baisse des performances au travail.

Gérer la peur de la récidive

Si la peur de la récidive, quelle que soit son intensité, n’influence pas les chances de survie, elle a un impact sur la qualité de vie. Quatre patients atteints de cancer sur dix souhaiteraient bénéficier d’un soutien psychosocial ou d’un coaching plus poussé afin de mieux gérer cette peur. Coen Völker, psychologue clinicien au Helen Dowling Instituut et spécialisé dans la prise en charge psychologique après un cancer, a formulé plusieurs conseils pour faire face à la peur d’un retour du cancer. Il a écrit le livre « Angst na kanker » (la peur après le cancer) avec le psychologue Jan Verhulst, qui a lui-même été touché par la maladie. Ils y expliquent comment la peur apparaît et proposent des outils pratiques pour apprendre à la surmonter, afin d’oser à nouveau envisager l’avenir.

Völker a mis au point un programme en cinq étapes, basé sur l’acronyme « HOPPA » (en néerlandais) pour aider les patients à gérer l’angoisse de la rechute :

1. Herken de angst (reconnaître la peur) : admettez que la peur est une réaction normale face à une situation menaçante qui a un impact considérable sur votre vie.
2. Onderzoek je angst (analyser sa peur) : tentez d’identifier la cause précise de votre peur ainsi que les pensées et les sentiments qui entrent en jeu.
3. Praat erover (parler de la peur) : faites part de vos sentiments et de vos angoisses à d’autres personnes, que ce soit des amis, des membres de votre famille ou d’autres patients. En parler peut calmer vos angoisses.
4. Probeer nieuwe strategieën (tester de nouvelles stratégies) : cherchez des moyens de gérer votre peur, par exemple des techniques de relaxation, la méditation pleine conscience, le yoga, la musique ou d’autres méthodes qui fonctionnent sur vous.
5. Accepteer wat je niet kunt veranderen (accepter ce qu’on ne peut pas changer) : apprenez à gérer les incertitudes inhérentes à la vie après un cancer et concentrez-vous sur ce que vous pouvez influencer.

Notre conseil lecture. « Angst na kanker. Wat als je bang bent opnieuw ziek te worden? » de Jan Verhulst et Coen Völker (Lannoo 2024).