La prédisposition familiale au cancer du sein, comment ça marche ?
Dépistage Chiffres et faits Centre d'expertise du cancer du sein13/12/2022 - Ce n’est pas parce que votre maman ou votre tante souffre d’un cancer du sein que vous allez automatiquement en être victime vous-même, loin de là… et à l’inverse, il est tout à fait possible que vous soyez frappée par la maladie alors que personne d’autre ne l’a eue dans votre famille. Quels sont les facteurs qui sous-tendent cette variabilité du risque ?
Dans une enquête réalisée en 2022 par Pink Ribbon auprès de 1.000 femmes belges, près de la moitié des répondantes étaient convaincues que le cancer du sein est surtout une question d’hérédité… mais c’est faux ! Dans la majorité des cas, la maladie touche en effet des personnes qui n’ont aucun autre cas dans leur famille. Néanmoins, il est vrai qu’un cancer du sein chez une ou plusieurs parentes proches peut accroître votre risque personnel.
Le risque héréditaire recouvre deux grandes catégories, d’une part les cancers du sein héréditaires au sens strict, provoqués par un gène défectueux qui se transmet de génération en génération, de l’autre les formes familiales, dans lesquelles il existe une certaine prédisposition qui accroît la probabilité que les femmes d’une même famille développent la maladie.
Le cancer du sein familial
On a souvent tendance à exagérer l’impact d’une prédisposition familiale au cancer du sein. Ce n’est en effet pas parce que votre tante ou votre grand-mère souffre/a souffert de la maladie que vous serez forcément logée à la même enseigne – en réalité, il est probable que cela n’affecte pas ou guère votre risque personnel. La prédisposition familiale intervient surtout lorsque le cancer du sein touche une parente au premier degré (mère, sœur ou fille), en particulier lorsqu’il se manifeste à un âge relativement jeune, avant la ménopause. Votre propre risque sera accru si votre maman développe un cancer du sein à 40 ans, mais pas ou guère si la maladie se manifeste lorsqu’elle a déjà 70 ans. De même, si votre maman et votre sœur sont toutes les deux victimes d’un cancer du sein à un âge relativement avancé, votre propre risque ne sera que légèrement accru… mais si elles développent toutes les deux la maladie avant la ménopause, c’est plus préoccupant pour vous. Votre médecin vous proposera alors une analyse génétique. S’il s’avère que vous êtes porteuse d’un gène de prédisposition au cancer du sein, vous aurez un risque élevé d’être victime d’une forme familiale de la maladie. Dans le cas contraire, la vigilance reste tout de même de mise et il sera souhaitable de faire effectuer régulièrement une mammographie de dépistage et de surveiller attentivement vos seins ou de les faire examiner par votre médecin.
Le cancer du sein héréditaire
Si vous êtes porteuse d’un gène associé au cancer du sein, votre risque de développer la maladie sera extrêmement élevé. Les cancers du sein héréditaires représentent 5-10 % des cas ; ils sont provoqués par la présence d’un gène défectueux bien spécifique. Les gènes sont des fragments de matériel génétique que nous héritons de nos parents et qui déterminent nos propres caractéristiques, de la couleur de nos yeux à la longueur de nos orteils. Nous possédons deux copies de chaque gène, une héritée de notre père et l’autre de notre mère. Certains gènes sont toutefois « dominants » par rapport à d’autres ; si nous prenons l’exemple de la couleur des yeux, si vous héritez un gène « bleu » d’un parent et un gène « brun » de l’autre, vous aurez les yeux bruns parce que le gène « brun » est dominant.
Le gène du cancer du sein est un gène qui comporte une erreur et qui est associé à un risque important de développer la maladie chez les personnes qui en sont porteuses… et malheureusement, c’est aussi un gène dominant. Si par exemple votre père est porteur du gène du cancer du sein mais pas votre mère, vous présenterez malgré tout un risque très élevé de cancer du sein. Deux gènes du cancer du sein ont été décrits, le gène BRCA1 (breast cancer 1) et le gène BRCA2 (breast cancer 2). Les femmes qui possèdent le gène BRCA1 courent un risque de 80 % d’être victimes d’un cancer du sein avant 65 ans et un risque de 55 % de souffrir d’un cancer de l’ovaire. Les hommes qui en sont porteurs n’ont pas de risque accru de cancer du sein, mais ils sont plus exposés au cancer de la prostate. Les femmes porteuses du gène BRCA2 présentent également un risque de 80 % pour le cancer du sein, mais leur risque de cancer de l’ovaire n’est par contre pas accru. Les hommes avec une mutation BRCA2 présentent un risque multiplié par 100 d’être victimes d’un cancer du sein en comparaison avec des sujets non porteurs. Comme la maladie est très rare chez les sujets masculins, les hommes porteurs du gène BRCA2 ne seront toutefois encore que 6 % à avoir souffert d’un cancer du sein, même à un âge avancé.
Il est très important de dépister rapidement les sujets porteurs des gènes du cancer du sein afin de les soumettre à un suivi rapproché, avec des contrôles tous les six mois. Les femmes concernées peuvent également faire le choix d’une amputation préventive des deux seins (comme l’a fait Angelina Jolie, porteuse du gène BRCA1).
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