Nele Reymen : « Je suis ravie de mes nouveaux seins »
Dépistage Témoignage19/01/2024 - La journaliste Nele Reymen est porteuse d’un gène héréditaire du cancer du sein, comme ses deux sœurs. Elle a donc subi une mastectomie préventive et une reconstruction des deux seins.
Quand vous êtes porteuse d’un gène héréditaire du cancer du sein, vous êtes beaucoup plus susceptible de développer un cancer du sein au cours de votre vie. Vous devez donc faire des choix difficiles : vous pouvez opter pour un programme de dépistage intensif avec mammographie et échographie tous les six mois à partir de 35 ans, ou choisir l’ablation préventive de vos deux seins encore sains, pour que le risque de cancer du sein soit pratiquement ramené à zéro. Nele Reymen a choisi la deuxième option. À 40 ans, elle a subi une mastectomie bilatérale avec reconstruction immédiate. « J’ai su dès l’âge de 30 ans que j’étais porteuse d’un gène héréditaire du cancer du sein et que le risque que je développe la maladie avoisinait les 40 à 45 %. Mes deux sœurs étaient dans le même cas. Notre mère a développé un cancer alors qu’elle était encore jeune. Il s’est avéré qu’elle était porteuse du gène CHEK2. » CHEK2 est un gène du cancer du sein moins connu, qui s’accompagne d’un risque légèrement inférieur à celui du gène BRCA. Le risque reste malgré tout très élevé. Suffisamment pour placer les patients face au même dilemme : suivi ou mastectomie préventive ?
Le sens des responsabilités
Le jour où le verdict est tombé et que Nele a su qu’elle était porteuse, elle n’était mentalement pas prête à réfléchir à ce choix difficile. « Je suis la plus jeune des trois sœurs. Mes sœurs avaient déjà des enfants quand nous avons reçu les résultats du test génétique. Toutes deux ont opté pour l’amputation bilatérale. De mon côté, je n’avais pas encore d’enfants et je n’étais mentalement pas prête. Je ne voulais pas me poser la question à l’époque. Une fois que j’ai eu deux enfants, la question s’est à nouveau posée, mais là encore, j’ai hésité. L’opération allait me mettre hors service pendant quelque temps, alors que je devais m’occuper de deux enfants en bas âge. D’un autre côté, si je développais un cancer du sein, je serais aussi hors circuit, et pour une période plus longue. Un sens aigu des responsabilités vis-à-vis de mes enfants m’a aidée à trancher : je savais que je pouvais avoir un cancer du sein, je devais à tout prix l’éviter. » Une fois la décision prise, tout s’est enchaîné assez vite. Nele s’est fait opérer à l’automne dernier, en novembre 2023.
Nele a subi une amputation et une reconstruction par lambeau DIEP (avec des tissus prélevés sur l’abdomen) au cours de la même opération. « Mon médecin m’a prévenue de l’énorme impact mental de l’opération. Mais je n’ai vraiment compris qu’après coup. J’avais l’impression qu’on m’avait coupé les ailes ! Après huit semaines, je me sentais beaucoup mieux, mais je n’ai pas encore atteint le bout du tunnel », confie Nele. Si la douleur peut être gérée, la période de convalescence est longue. L’opération de Nele a duré neuf heures, ce qui n’est pas du tout inhabituel pour ce genre d’intervention complexe. Et ce n’est pas terminé. Deux autres opérations attendent encore Nele : un lipofilling des seins et une reconstruction du mamelon. « Encore des opérations dont il faudra que je me remette. Je ne suis donc pas sortie de l’auberge ! »
Nele garde malgré tout le sourire. Elle est de nature optimiste. « Je n’ai pas de cancer, ça fait une énorme différence. L’intervention était mon choix et je suis satisfaite du résultat. La cicatrice sur le ventre finira par s’estomper. Mes nouveaux seins sont plus petits, mais ça ne me dérange pas du tout. » Nele Reymen a bien conscience que son histoire ne s’applique pas à tout le monde. « Je n’ai pas perdu ma maman, j’ai toujours mes sœurs et je ne suis pas malade. Je peux tout à fait comprendre qu’un patient atteint d’un cancer du sein porte un regard très différent sur le traitement ou que la perte d’un être cher fasse remonter des souvenirs douloureux. »
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