Participez au dépistage, il pourrait vous sauver la vie
Dépistage Chiffres et faitsLors du symposium Europa Donna, qui s’est tenu le 28 septembre, le professeur Anne Vandenbroucke a lancé un appel chaleureux, mais urgent à participer au dépistage de masse du cancer du sein. Elle a aussi dissipé quelques malentendus.
Le professeur Anne Vandenbroucke a coordonné pendant de nombreuses années le dépistage de masse du cancer du sein en Wallonie et à Bruxelles. Elle connaît donc sur le bout des doigts les avantages et les inconvénients du Mammotest, nom donné au dépistage dans la partie francophone du pays. C’est elle qui a ouvert le symposium annuel sur le cancer du sein organisé le 28 septembre 2024 par Europa Donna Belgique, avec le soutien de Pink Ribbon et de Vivre comme avant. « Neuf femmes sur dix n’auront jamais de cancer du sein », a souligné le professeur Anne Vandenbroucke. « Nous ne devons pas semer la panique, mais les femmes du groupe le plus à risque, soit celles âgées de 50 à 69 ans, devraient participer au dépistage du cancer du sein auquel on les convie tous les deux ans. Elles sont encore trop peu nombreuses à s’y soumettre. »
Contraintes et obstacles
En Wallonie et à Bruxelles, moins de 10 % des femmes âgées de 50 à 69 ans répondent à l’invitation au test de dépistage gratuit. Si le pourcentage est bien meilleur en Flandre, il reste insuffisant : entre 50 et 60 % des femmes participent au dépistage de masse. Selon l’Organisation mondiale de la santé, chaque pays devrait viser un taux de participation d’au moins 75 %.
L’écart considérable entre les deux régions du pays s’explique de diverses manières, à commencer par la différence entre les invitations. En Flandre, le courrier d’invitation au dépistage propose d’emblée aux femmes un rendez-vous près de chez elles : il leur suffit de s’y présenter. Rien de plus. Inutile de confirmer, elles sont attendues. À moins que le rendez-vous ne leur convienne pas, auquel cas elles peuvent le modifier facilement en appelant le numéro de téléphone qui figure dans le courrier. Au sud de la frontière linguistique, l’invitation au Mammotest demande aux femmes de prendre elles-mêmes rendez-vous dans un centre de dépistage agréé. Une contrainte supplémentaire. Les femmes pointent également des délais d’attente très longs : il faut parfois plusieurs mois avant d’obtenir un rendez-vous. Deuxième facteur qui explique la différence entre les communautés : l’habitude de se faire examiner par un radiologue en dehors du programme de dépistage de masse. De nombreuses femmes sont persuadées que les dépistages qu’elles sollicitent elles-mêmes, sans passer par le programme public, sont de meilleure qualité. Une conviction que les radiologues ne contredisent malheureusement pas toujours, puisque le dépistage du cancer du sein leur rapporte de l’argent. La troisième différence est d’ordre culturel : on se méfie un peu plus des recommandations du gouvernement en Belgique francophone qu’en Flandre. Or le dépistage de masse est organisé par les autorités publiques.
Malentendus
Les personnes qui participent au dépistage du cancer du sein ne paient rien : le test est gratuit pour les femmes entre 50 et 69 ans. Si vous passez une mammographie de dépistage en dehors du programme de dépistage de masse, vous devez généralement payer un petit supplément. « Les dépistages individuels ne sont pas gratuits », précise le professeur Vandenbroucke. « Ils sont remboursés, mais pas toujours intégralement. » La qualité des dépistages est bien plus importante que la différence de prix. Elle est meilleure pour le dépistage de masse. Anne Vandenbroucke : « Les mammographies de dépistage (toujours deux clichés par sein) effectuées dans le cadre du dépistage de masse sont réalisées par des techniciens spécialement formés. Les radiographies sont examinées par un médecin-radiologue, puis transmises à un deuxième médecin-radiologue d’un autre centre. » Le second ne connaît pas les conclusions du premier. Les deux avis sont ensuite comparés. S’ils divergent, des examens complémentaires sont effectués. « Les conclusions sont effectivement différentes dans 10 % des cas et la femme concernée est conviée à un examen complémentaire. Grâce à cette deuxième lecture, le dépistage de masse permet de détecter 10 % de cancers du sein en plus. Il n’y a jamais de deuxième lecture dans un cadre privé, et le résultat dépend de la compétence du radiologue qui examine les clichés. Qui plus est, on prescrit plus vite des examens complémentaires dans le privé. En dehors du dépistage de masse, davantage de dépistages donnent de faux négatifs : on pense voir quelque chose de suspect, mais il s’agit en fait d’une fausse alerte. »
La deuxième lecture et la comparaison des conclusions allongent quelque peu le délai d’obtention des résultats : c’est le dernier obstacle. Il faut attendre environ deux semaines. Le résultat vous est envoyé personnellement par courrier et est ajouté à votre dossier médical.
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