Reconstruction ? Sans façon !
Après le cancer du sein Centre d'expertise du cancer du seinTrois options s’offrent à vous après une mastectomie : une reconstruction mammaire, une prothèse externe ou rien. Aux États-Unis, les femmes qui ont subi une double mastectomie optent de plus en plus pour la troisième solution : elles préfèrent rester « plates ».
La troisième option n’est pas toujours proposée, car on se dit que les femmes se sentent « moins femmes » sans seins. Le rapport aux seins (et la capacité à vivre sans) est toutefois très personnel.
Katrin van Dam, une jeune Américaine atteinte d’un cancer du sein, a écrit un livre à ce sujet : Flat and Happy (uniquement disponible en anglais). Il s’agit d’un guide pratique destiné aux personnes qui renoncent à la reconstruction après une double mastectomie. Dans son livre, Katrin van Dam regrette que son chirurgien oncologue ne lui ait pas proposé la troisième option au moment de l’intervention. « Elle m’a donné l’impression que mastectomie et reconstruction allaient de pair », explique-t-elle dans le podcast médical américain MedQor (1). « J’ai refusé la reconstruction, car je ne voulais plus subir d’opérations qui n’étaient pas absolument nécessaires. Qui plus est, je ne voulais pas de prothèses dans mon corps. » Katrin van Dam ajoute qu’elle n’accorde sans doute pas autant d’importance à ses seins que beaucoup d’autres femmes ; si elle devait les perdre à cause d’un cancer du sein, elle resterait plate. « L’image que j’ai de moi ne dépend pas d’une paire de seins. »
Alors, heureuse ?
Le choix de Katrin van Dam n’a pas été très bien compris. Elle déplore aussi le manque d’informations. Selon son chirurgien, les femmes sont tout simplement plus heureuses après une reconstruction. « Cela m’a fait hésiter », explique-t-elle. « J’ai donc cherché plus d’informations. Mais je n’ai pas trouvé grand-chose sur la troisième option et sur ce que les femmes en pensent. » Katrin a suivi son instinct, et avec le recul, elle en est très heureuse. Ces recherches l’ont amenée à rencontrer des femmes malheureuses après leur reconstruction, parce que le résultat ne leur plaisait pas ou qu’elles avaient dû faire face à toutes sortes de complications. « J’ai lu beaucoup d’articles sur la reconstruction mammaire et sur ce qui peut mal tourner », poursuit Katrin dans le podcast. « On vous pousse parfois à choisir la reconstruction en vous disant que vous serez plus heureuse. Ce n’est pas tout à fait vrai. » C’est pour toutes ces raisons que Katrin van Dam a écrit elle-même un guide pratique sur le fait de rester plate après une mastectomie. « Certaines femmes se sentent femmes grâce à leurs seins. Ce n’est pas mon cas. Je m’en passe très bien. Le sujet ne doit pas être tabou. »
Enquête
D’après une enquête menée auprès de 931 femmes qui ont subi une mastectomie unilatérale ou bilatérale aux États-Unis, 22 % (1 sur 5) ne se sont pas vu proposer la troisième option (2). Le chirurgien qui a participé à cette enquête souligne que le choix de subir une reconstruction ou non doit être examiné consciencieusement avec la patiente au préalable et que toutes les options doivent être évoquées. Quand une femme choisit de « rester plate », le chirurgien qui pratique la mastectomie doit veiller à un résultat esthétique optimal. Il arrive qu’on laisse trop de peau en prévision d’une construction future.
En Europe aussi, on constate un besoin croissant d’informations sur la troisième solution, à savoir « rester plate » après une mastectomie. Selon les informations fournies par la Borstkankervereniging Nederland, aux Pays-Bas, plus de trois quarts des femmes choisissent la reconstruction et un peu moins d’un quart y renonce. Des chiffres comparables à ceux de l’étude américaine. Nous n’avons pas trouvé de statistiques pour la Belgique.
En résumé, si de nombreuses femmes optent encore pour la reconstruction après une mastectomie, une grande minorité y renonce. Le choix de « rester plate » n’exclut d’ailleurs pas des prothèses externes. Une bonne solution pour les femmes qui souhaitent afficher des courbes quand elles portent un décolleté ou quand elles vont à la piscine.
(1) Podcast avec Katrin van Dam : https://plasticsurgerypractice.com/resource-center/podcasts/a-conversation-with-the-authors-of-flat-and-happy/
(2) Baker J, Dizon D, Cachet M et al. ‘Going flat’ after mastectomy: patient-reported outcomes by online survey. Ann Surg Oncol 2021 ;28:2493-2505.
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