Témoignage : Lieve Blancquaert (55) : “Trop de femmes font encore l’autruche!"
Prévention Soins psychosociauxLieve Blancquaert (55 ans), photographe gantoise, a créé la Borstkankerbijbel avec la journaliste Barbara Debusschere. “ Je me suis longtemps dit qu’il fallait que je me fasse enlever les seins ”, explique Lieve. “En créant la Borstkankerbijbel, j’ai pu évacuer une grande partie de cette angoisse.” À l’image du livre Ons Kookboek, devenu une véritable bible culinaire en Flandre, j’espère que la Borstkankerbijbel deviendra l’ouvrage de référence pour les personnes qui ont des seins. Nous avons tenté d’être complètes et avons vérifié deux fois toutes les informations. Nous voulions montrer les bons et les mauvais côtés de la maladie, le positif et le négatif. Tout. Selon moi, on est deux fois mieux armée quand on sait. Armée pour faire face à la maladie et au traitement, mais aussi à leurs conséquences. ”
“ Je rencontre encore souvent des femmes qui ont fait l’autruche trop longtemps. Elles sentaient depuis longtemps que quelque chose clochait, mais elles refusaient de consulter. Tant que je l’ignore, il n’est pas réel. La peur du diagnostic du cancer reste très forte. Mais c’est comme ça qu’on en meurt… J’ai perdu ma grand-mère de cette manière : elle avait mal depuis tellement longtemps que la tumeur avait fini par ressortir quand elle s’est décidée à aller voir un médecin. Sa fille, ma tante, qui aurait dû être plus avertie, a elle aussi attendu trop longtemps : elle n’a pas survécu à son cancer du sein. ”
“ Ma grand-mère, sa soeur, mes deux tantes. Ma grand-mère maternelle, sa soeur et ses filles. Elles ont toutes eu un cancer du sein. Toute une branche de ma famille. Pour l’instant, ma mère et moi y échappons. Quelle chance ! Mais du coup, je me suis longtemps dit qu’il fallait que je me fasse enlever les seins. Je les voyais comme des bombes qui pouvaient exploser à tout moment. Je dois passer une échographie tous les ans et à chaque fois, je suis envahie par le stress. Je me dis que ma vie va peut-être être bouleversée quand je sortirai du scanner. Je me suis déjà imaginée cent fois atteinte d’un cancer. En créant ce livre, j’ai pu vacuer une grande partie de cette angoisse. ”
“ Tous les témoignages ont un point commun : rien n’est jamais plus pareil après un cancer. On a beau guérir et vivre de longues années, on n’est plus la femme qu’on a été. Ni physiquement ni émotionnellement. Imaginez-vous ménopausée à trente ans, avec toutes les conséquences qui en découlent. Nous avons également écrit à ce sujet, car quand on sait que ce qu’on ressent est normal, quand on sait d’où ça vient, on tient la moitié de la solution. Non, vous ne serez plus jamais la même, mais vous n’en restez pas moins une femme. Tel est le message qu’ont voulu véhiculer toutes les femmes qui ont témoigné, qui ont pris la pose malgré leur corps mutilé, avec ou sans seins, à la suite d’une reconstruction ratée. Elles s’adressent à toutes les femmes qui passeront après elles. Pour qu’elles soient mieux préparées. Mais aussi pour qu’elles sachent qu’on peut vivre sans seins. On n’en est pas moins femme ; au contraire ! ”
Source: Magazine Pink Ribbon 2018
Auteur: KDC
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