Mercredi, 27 juillet 2022

Il n’y a pas de corrélation entre l’avortement et le cancer du sein

Chiffres et faits Centre d'expertise du cancer du sein

27/07/2022 - Après l’abolition du droit fédéral à l’avortement aux États-Unis, des citoyens descendent dans la rue pour protester, tandis que d’autres soutiennent la décision. Ces opposants à l’avortement mettent en avant les risques pour la santé et affirment que l’avortement accroît le risque de cancer du sein. Ils ont tort.

En Belgique, une loi dépénalise l’avortement depuis 1990. Cette loi a été adoptée après des années de batailles et de débats. Les opposants à la réforme présentaient alors constamment des études selon lesquelles l’avortement augmenterait le risque de cancer du sein (jusqu’à 30 %). À l’heure où le débat fait rage aux États-Unis, certains n’hésitent pas à exhumer ces études pour les diffuser massivement, notamment via les médias sociaux. Ces études interrogeaient des femmes en bonne santé et des femmes atteintes d’un cancer du sein quant à savoir si elles avaient déjà avorté, puis comparaient les chiffres pour tenter d’identifier une corrélation. Les femmes en bonne santé étaient toutefois réticentes à avouer qu’elles avaient subi un avortement en raison du caractère tabou et souvent encore illégal de l’avortement au moment de ces enquêtes. En revanche, les femmes atteintes d’un cancer du sein étaient plus enclines à attribuer la cause de leur cancer à l’avortement qu’elles avaient subi et avaient plus facilement tendance à en parler, car elles étaient en proie à un sentiment de culpabilité.

Afin d’étudier le problème plus en profondeur, de nouvelles vastes études ont été menées sur de grands groupes de femmes dans les années qui ont suivi la légalisation de l’avortement. Une première étude danoise de très grande envergure, réalisée en 1997 sur 1,5 million de femmes, a comparé leurs dossiers médicaux en se concentrant sur le cancer du sein et l’avortement. Aucune corrélation n’a été établie entre les deux. S’en sont suivies plus de 50 autres études soigneusement menées sur de grands groupes de femmes, qui ont confirmé les résultats obtenus au Danemark*. Nous savons aujourd’hui avec certitude que les femmes qui ont avorté ne présentent pas de risque accru de cancer.

Auteure : Marleen Finoulst

*Collaborative Group on Hormonal Factors in Breast Cancer. Breast cancer and abortion: collaborative reanalysis of data from 53 epidemiological studies, including 83 000 women with breast cancer from 16 countries. Lancet 2004;363:1007-1016.

Tags: avortement – États-Unis – dépénalisation de l’avortement