Un médicament capable de prévenir les rechutes du cancer du sein et la formation de métastases se profilerait-il à l’horizon ?
Traitement Chiffres et faits Centre d'expertise du cancer du sein05/4/2022 - Des scientifiques de l’UCLouvain sont parvenus, grâce à un nouveau médicament, à prévenir les récidives du cancer du sein humain et la formation de métastases dans un modèle de souris. Quelles sont les implications concrètes pour les patient(e)s ?
Les chercheurs ont réalisé une étude sur des souris génétiquement manipulées porteuses du gène du cancer du sein triple négatif humain, une forme agressive de la maladie qui touche souvent des femmes relativement jeunes et qui n’est pas sensibles aux hormones. Le nouveau traitement potentiel testé chez ces rongeurs, le MitoQ, a permis d’abaisser de 80 % la survenue de métastases chez les animaux traités en comparaison avec ceux qui n’avaient pas reçu le médicament (1). D’après le groupe de recherche, il s’agit là de résultats extrêmement encourageants.
Comment agit le MitoQ ?
Les cellules cancéreuses ont un métabolisme anormal, différent de celui des cellules saines, qui leur confère notamment des propriétés particulières qui leur permettent de se propager dans l’organisme et de se mettre à proliférer à distance de la tumeur initiale pour former ce que l’on appelle des métastases. La recherche scientifique nous a déjà permis de nous faire une idée plus claire des mécanismes responsables de ce phénomène au niveau cellulaire. Il s’agit de petites modifications dans les mitochondries, les « centrales énergétiques » de nos cellules, qui débouchent sur la production d’une substance (le superoxyde mitochondrial ou mtO2) impliquée dans la survenue de métastases. Le médicament testé par l’équipe belge permet de mettre cette dernière hors d’état de nuire, ce qui limite fortement le développement de métastases tout en prévenant les rechutes.
Un nouvel espoir pour les personnes atteintes d’un cancer du sein ?
Jusqu’ici, le médicament n’a encore été testé que chez des souris et pas chez des sujets humains atteints de la maladie. Il est donc trop tôt pour se prononcer : il faudra encore plusieurs années pour évaluer le MitoQ chez de vrai(e)s patient(e)s avant de pouvoir espérer disposer d’un médicament capable de protéger les personnes atteintes d’un cancer du sein triple négatif contre les métastases et les rechutes. Dix à 15 % de l’ensemble des cancers du sein sont des tumeurs triple négatif. Comme celles-ci ne sont pas hormonosensibles, l’hormonothérapie n’est pas un traitement efficace chez les personnes qui en souffrent. C’est ce qui explique pourquoi celles-ci sont beaucoup plus souvent victimes de métastases, mais aussi pourquoi un traitement efficace serait plus que bienvenu.
Réflexions
Le médicament étudié par l’équipe louvaniste, le MitoQ, n’est en réalité pas nouveau : en 2014, il avait déjà été testé sur des souris manipulées porteuses d’une maladie musculaire humaine, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) (2). Là aussi, les résultats étaient positifs, mais moins spectaculaires que dans cette étude sur le cancer du sein. À ce jour (en 2022), il n’existe pas encore de traitement contre la SLA.
Le MitoQ n’est pas le seul produit à agir sur les mitochondries. D’autres médicaments potentiels qui pénètrent dans les centrales énergétiques de la cellule ont déjà été abondamment étudiés, y compris dans d’autres cancers. Ces travaux ont toutefois révélé qu’il reste un certain nombre d’obstacles à surmonter (3). Ces traitements sont en effet susceptibles d’affecter également les cellules en bonne santé et notamment les cellules immunitaires, certains sont extrêmement instables et certains agissent non seulement sur les mitochondries, mais aussi sur d’autres structures cellulaires.
Qu’en retenir ?
Avant tout qu’il ne faut pas crier victoire trop vite. La nouvelle étude belge semble extrêmement encourageante, mais il faudra encore attendre un peu pour savoir si le MitoQ peut aussi effectivement être utilisé chez les patient(e)s. La recherche de nouveaux traitements contre le cancer du sein reste toutefois clairement plus active que jamais !
Écrit par Marleen Finoulst
(1) Source : Capeloa T, Krzystyniak J, d’Hose D et al. MitoQ Inhibits Human Breast Cancer Cell Migration, Invasion and Clonogenicity. Cancers 2022, 14, 1516. https://doi.org/ 10.3390/cancers14061516
(2) Miquel E, Cassina A, Martínez-Palma L et al. Neuroprotective effects of the mitochondria-targeted antioxidant MitoQ in a model of inherited amyotrophic lateral sclerosis. Free Radic Biol Med. 2014 May;70:204-13.
(3) Hana Choa, Yong-Yeon Choa, Min Suk Shimb et al. Mitochondria-targeted drug delivery in cancers. Biochimica et Biophysica Acta (BBA) - Molecular Basis of Disease 2020;1866
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