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Walk & work on the right side – L'allégorie du mikado

Diagnostic Traitement Retour au travail Pink Monday

08/09/2021 - En novembre 2006, Véronique Adam a appris qu'elle avait un cancer du sein. Un diagnostic difficile pour cette "working girl". Elle nous raconte son histoire.

C'était un jour de novembre. Ordinaire. C'était un lundi. En 2006. J'étais au boulot. Derrière mon ordi. En véritable "working girl", passionnée et en même temps une "working girl" épuisée depuis un bout de temps... Il est onze heures. Je n'ai pas vu le temps passer. Je dois vite quitter mon bureau et traverser la ville, car dans une demi-heure, je passe une mammographie. Je stresse... pour les embouteillages. J'ai horreur d'être en retard. Et non pour ma mammographie. Je me précipite hors du bureau et arrive à temps. Cet examen m'énerve car j'ai franchement autre chose à faire... Mon boulot.

L'examen

Salle d'attente. Mon médecin habituelle m'invite à faire l'examen. On écrase mes seins. Et puis, on me demande de patienter. J'ai froid. Ce n'est pas comme d'habitude. On me fait passer dans une autre pièce pour une échographie. On ne m'en avait pas faite la dernière fois. Je suis allongée. Le médecin me dit qu'elle voit des choses.... Des choses qu'elle n'aime pas. J'ai froid. Encore plus froid. Quelqu'un rentre dans la salle et l'interrompt et discute d'autre chose que de mon cas... Je trouve qu'on me manque de respect. Cette fois, c'est mon corps entier qui s'écrase. Je me dis qu'il y a sans doute une erreur.

L'annonce

Finalement, elle m'annonce que je vais devoir compléter l'examen par d'autres analyses, car "ce qu'elle voit" n'est pas du tout rassurant. Je dois maintenant aller dans la salle d'attente. J'y reste. Je commence à trembler de tout mon corps et j'ai froid. Le médecin revient et me donne un petit papier avec le nom d'un psychologue. Et me laisse livrée à moi-même. A mon destin qui semble basculer.

Je sors de l'hôpital. Je ne sais plus où j'ai garé ma voiture. Je ne sais plus rien. Toutes les rues se ressemblent. J'appelle mon compagnon. En pleurs. Et puis je retrouve ma voiture. Retour vers Woluwe où se trouve mon boulot. Je décide de prendre un autre chemin, de passer par le bois. Les arbres sont magnifiques. Ils explosent de couleurs. Des couleurs chaudes. C'est sans doute mon dernier automne. Quel bel automne, cet automne 2006.

Le déni

Retour au boulot. Non, je ne rentre pas chez moi, car, je ne veux pas y croire. Je suis à nouveau derrière mon ordi. J'ai un gros "pitch" comme on dit. Pour gagner un nouveau client. Et notre agence de communication est en compétition avec d'autres. Je dois donner le maximum. Toujours donner le maximum. La touche "pause" n'existe pas chez moi. Je rentre à la maison en fin d'après-midi. Mon fils est rentré de l'école. Il est en 3eme maternelle. Il me dit qu'un médecin a téléphoné et qu'elle était étonnée que je ne sois pas à la maison...

Le mot "cancer"

Deux jours plus tard, il est 9h du matin. Je suis au bureau. C'est le grand jour, celui du pitch. Il faut se battre pour gagner. Se battre, j'aime cela... Mais, c'est épuisant.

Direction présentation au client potentiel. Je suis à la réception. Coup de fil sur mon gsm. Le médecin prononce pour la première fois le mot que je ne veux pas entendre. J'ai probablement un "cancer" assez important avec 4 tumeurs réparties dans les 2 seins. Elle me donne une date pour un nouvel examen. Je lui demande si je vais vivre. Sa réponse est vague. Parlons de vagues. Les vagues les plus belles finissent toujours par venir mourir, même sur les plus belles plages...

Je suis dans le petit sas de la réception de cette grande entreprise d'assurance. La présentation va bientôt commencer. Je parle de mon coup de fil - qui ressemble plutôt à un coup de grâce - à mon patron qui m'accompagne pour la présentation. Et j'insiste pour quand même présenter. La "working girl" avait travaillé depuis des jours. Avec passion. Elle est encore vivante, alors pourquoi pas ? Mon patron est sous le choc. Le client arrive. Et là, ils prennent de commun accord la décision de reporter la réunion à un autre jour. Je m'effondre en larmes. Et puis je rentre chez moi. Ma vie vient de basculer.

Symbolique mikado

Le soir, mon fils rentre de l'école. Je joue avec lui au mikado. Enfin, je prends le temps, car j'ai très peur... de ne plus avoir beaucoup de temps. Le mikado. Ce fameux mikado... J'avais besoin d'un mikado pour prendre conscience de la fragilité de la vie et de l'importance de prendre le temps, pour que tout ne s'écroule pas. La "working girl" est maintenant uniquement en mode "maman" qui prend son temps. Enfin, j'appuie sur la touche "pause". Il était temps... J'allais dans tous les sens. Je donnais trop. Partout.

Le temps, encore et toujours

C'était en 2006. Je ne me suis pas faite soigner dans cet hôpital où j'avais donné la vie à 2 beaux enfants, mais dans un hôpital universitaire de renom. Et après vérification de mon avant-dernière mammographie par ma nouvelle équipe de soignants, des micro-calcifications étaient présentes. J'aurais pu éviter tout cela, les chimio, les opérations... si ma sénologue précédente avait seulement pris le temps de me faire une écho un an et demi avant, en 2004. Le temps, toujours le temps. Le temps qu'on ne prend pas. Le temps qui manque. Le temps qui passe et qu'on ne peut refaire...

Un an plus tard, en 2007, je reprenais le boulot.

En 2013, j'ai fait, comme on dit, une grosse récidive : métastases au foie. Paradoxalement, alors que le pronostic vital était plutôt très pessimiste, mon combat s'est fait plus doux, plus serein. Plus optimiste... Et ma reprise au travail davantage en harmonie avec moi-même. J'avais toujours la passion mais mon regard par rapport au travail était nouveau. Sans doute plus judicieux... Le mode "play" et le mode "pause" étaient désormais plus en équilibre dans ma vie.

En 2014, grâce à Fondation contre le cancer, j'ai également découvert la marche nordique. Marcher a fait partie de ma guérison - ou plutôt de ma rémission complète- et de ma résilience par rapport à mon vécu. J'ai d'abord marché avec des femmes chez qui le cancer s'était aussi invité. Nous avancions ensemble. C'était beau. Ensuite, je me suis inscrite dans des clubs de "nordic walking". Fière de moi et accroc à la dynamique des pas.

#jemarche #je travaille #challenge

2021. Je suis toujours debout, et chaque automne, je remercie les arbres de m'offrir autant de beauté et de vie. La "walking girl" a le projet d'un jour emmener d'autres personnes touchées par la maladie à marcher en groupe. A avancer. La "working girl" est toujours passionnée par son job. Accroc à la dynamique des challenges, comme à celle des pas.

Aujourd'hui, je fais des pas et des pas en forêt, le long de la mer, dans la campagne, quelles que soient les saisons. Seule, mais souvent avec des amies proches, avec qui je refais le monde. J'aime le printemps, l'été et l'hiver. Mais l'automne reste pour moi l'apothéose. La vie qui se meurt pour renaître.

Texte rédigé par Véronique Adam

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Lisez aussi : Le témoignage de Loreta Mander

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