Déodorant et cancer du sein : le point en 10 questions
Prévention Chiffres et faits Centre d'expertise du cancer du sein18/05/2022 - Les allégations qui circulent quant au possible lien entre l’utilisation de déodorant et le cancer du sein ont clairement la vie dure. Certains affirment par exemple que, en cas d’application sur une aisselle fraîchement rasée, les particules cancérigènes contenues dans le déodorant peuvent pénétrer dans les plaies microscopiques provoquées par le rasoir afin de rallier les ganglions lymphatiques avoisinants. D’autres sont convaincus que l’effet antitranspirant de certains produits provoque une accumulation de toxines qui favorise l’apparition du cancer du sein. Le raisonnement sous-jacent ? La maladie touche principalement les femmes, qui sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à se raser les aisselles. La majorité des tumeurs sont aussi localisées dans le haut du sein, tout près de la zone axillaire, ce qui renforce encore ces soupçons.
Pink Ribbon a passé au crible toutes ces affirmations et fait le point en 10 questions.
1) L’application régulière de déodorant accroît-elle le risque de cancer du sein ?
Les scientifiques qui se sont penchés sur la question n’ont trouvé aucun lien entre le cancer du sein et l’utilisation de déodorant. Une étude réalisée en 2002 a par exemple interrogé 813 femmes souffrant d’un cancer du sein et 793 contrôles en bonne santé sur leurs habitudes en matière d’application de déodorant et de rasage des aisselles… et elle est parvenue à la conclusion que ces facteurs ne différaient absolument pas entre les deux groupes.
2) Certains constituants du déodorant risquent-ils de pénétrer dans la peau de l’aisselle fraîchement rasée et de provoquer un cancer du sein ?
Le rasage peut provoquer de petites plaies cutanées qui risquent de s’irriter un peu si vous appliquez du déodorant immédiatement après. Il est toutefois hautement improbable que les substances cancérigènes contenues dans le déodorant – si tant est qu’il y en ait ! – exploitent ces lésions pour pénétrer dans l’organisme et y faire des ravages.
3) Faut-il éviter les déodorants contenant des parabènes ?
Les parabènes sont des substances chimiques contenues dans un très grand nombre de cosmétiques – les déodorants, mais aussi les rouges à lèvres, les crèmes de jour, les mascaras, les fonds de teint, les shampoings, etc. Ce sont aussi des perturbateurs endocriniens, qui ont un très faible effet œstrogénique… et il existe effectivement un lien entre l’œstrogène, l’hormone féminine, et le cancer du sein. Plus les femmes sont longtemps exposées à leur propre œstrogène naturelle (p.ex. parce qu’elles sont ménopausées très tard), plus leur risque de cancer du sein est élevé. C’est ce qui explique les soupçons qui pèsent sur les parabènes.
On sait aussi que les parabènes sont capables de traverser la peau. En 2004, des chercheurs en ont aussi retrouvé des traces dans des échantillons de tumeurs mammaires. Ceci ne signifie toutefois ni que les parabènes étaient à l’origine de la maladie ni qu’ils provenaient d’un déodorant plutôt que d’un shampoing ou de l’une ou l’autre lotion. En outre, l’effet œstrogénique des parabènes est cent à mille fois plus faible que celui de l’hormone féminine naturelle. Il est donc très peu probable qu’ils soient impliqués dans l’apparition d’un cancer du sein.
4) Faut-il s’inquiéter de la présence d’aluminium dans les déodorants ?
Les particules d’aluminium contenues dans certains déodorants bloquent l’orifice des glandes sudoripares, ce qui limite la production de sueur. Certaines études ont observé qu’elles peuvent également traverser la peau, mais en quantités infimes, de l’ordre de 0,012 % de l’aluminium contenu dans le déodorant. En réalité, nous en absorbons beaucoup plus avec nos aliments ! Les spécialistes ont également constaté que le tissu mammaire cancéreux ne contient pas plus de particules d’aluminium que le tissu sain. Il n’y a donc vraiment aucune raison de s’inquiéter.
5) Le fait de « bloquer » la transpiration à l’aide d’un déodorant antitranspirant risque-t-il de provoquer une accumulation de toxines dans l’aisselle ?
Non, car il n’y a aucune connexion entre les glandes sudoripares de l’aisselle et les ganglions lymphatiques. Le fait d’inhiber la transpiration ne risque donc pas de provoquer une accumulation de toxines dans les ganglions lymphatiques qui se trouvent à proximité.
6) La majorité des cancers du sein débutent-ils par une petite boule à proximité de l’aisselle ?
Oui. Environ la moitié des tumeurs mammaires sont localisées dans le quadrant supérieur externe du sein – comprenez, dans la partie la plus proche de l’aisselle. Cela n’a toutefois rien à voir avec le déodorant, mais avec le fait que c’est dans cette zone que la concentration en tissu mammaire est la plus élevée.
7) Est-ce que les hommes sont moins sensibles au cancer du sein parce qu’ils ne se rasent pas les aisselles ?
Non. Les hommes courent un risque cent fois plus faible que les femmes tout simplement parce qu’ils ont beaucoup moins de tissu mammaire. Leur taux d’œstrogène, l’hormone féminine qui joue un rôle dans le cancer du sein, est aussi beaucoup plus faible. La maladie n’a donc aucun rapport avec le rasage des aisselles.
8) Pourquoi vaut-il mieux ne pas utiliser de déodorant juste avant une mammographie de dépistage ?
Certains médecins recommandent d’éviter l’application de déodorant le jour d’une mammographie de dépistage parce que certains de ces produits contiennent de l’aluminium, dont les minuscules particules métalliques sont visibles à la mammographie sous la forme de petits points blancs et risquent de perturber l’image. L’évaluateur pourrait en effet les confondre avec les microcalcifications qui peuvent bien, elles, être un signe de cancer du sein.
9) D’où viennent toutes ces rumeurs concernant le déodorant et le cancer du sein ?
Nous ignorons quand, par qui et pourquoi ces rumeurs ont été lancées, mais elles circulent déjà depuis de nombreuses années sur internet et continuent à proliférer allègrement sur les réseaux sociaux, suscitant chez de nombreuses femmes des inquiétudes absolument inutiles.
10) Les rumeurs concernant les déodorants ne concernent-elles que les sprays ou aussi les produits de type « roll-on » ?
Cela ne fait aucune différence, car les deux formes contiennent les mêmes ingrédients. Un déodorant roll-on n’est pas plus ou moins doux qu’un spray et le choix est donc strictement affaire de préférence.
Écrit par Marleen Finoulst
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