Cancer du sein : le combat mental ne se voit pas, mais est bien là
Témoignage10/10/2023 - Courageusement, Santoecha raconte sa recherche d'une aide et d'une thérapie appropriées pour faire face aux effets mentaux du cancer du sein. Parce qu'en plus d'une bataille physique, le cancer du sein est aussi une épreuve mentale difficile.
"Quand vous avez un cancer du sein, le combat que vous devez mener est à la fois physique et psychologique. Ce dernier n'est pas visible aux yeux des autres, ce qui explique qu'il est aussi difficile d'en parler. Et si vous arrivez malgré tout à le faire, vous avez souvent l'impression que personne autour de vous ne comprend ce que vous traversez, car ils n'ont probablement jamais ressenti la peur de mourir qui vous tenaille. Je m'en suis assez vite rendu compte lorsqu'à l'âge de 26 ans, on m'a diagnostiqué un cancer du sein. Vu que j'arrivais à vivre avec la maladie au quotidien, tout le monde pensait que psychologiquement, j'allais bien. Dans une certaine mesure, c'était le cas, mais j'avais également un comportement étrange. Peu de temps après le diagnostic, je me suis d'un coup remise à dormir avec un ours en peluche. Cela a duré des années. Subitement, je souffrais également d'agoraphobie et de claustrophobie. J'arrivais cependant toujours bien à le dissimuler.
Après avoir reçu le diagnostic, j'ai tout de suite demandé un soutien psychologique. Aux Pays-Bas, il existe des institutions qui proposent ce genre de services aux personnes atteintes d'un cancer. Ils sont remboursés par l'assurance de base, ce qui signifie que chaque citoyen y a droit. Après un entretien téléphonique, il s'est avéré que je n'étais pas un cas grave, autrement dit : je ne représentais ni un danger pour moi-même ni pour les autres, raison pour laquelle je me suis retrouvée sur une liste d'attente de 6 mois. J'ai réussi à surmonter ces six mois grâce au psychologue spécialisé dans le deuil que je pouvais consulter à la haute école. Comme pour beaucoup de choses gratuites dans la vie, vous n'en tirez souvent pas grand-chose. Mais je trouvais que c'était un beau geste et je recevais une tasse de café gratuite, je me rendais donc chaque semaine sagement à mon rendez-vous.
Après six mois, j'ai enfin pu avoir mon premier entretien. Vu qu'ils me trouvaient créative, ils estimaient que leur parcours artistique me conviendrait. J'ai tenu trois séances au total : j'avais aussi des crayons de couleur à la maison. Je pouvais donc également m'adonner à la thérapie créative de chez moi. Je n'ai jamais eu à me plaindre de rien pendant des années, jusqu'à ce que tout à coup, je commence à avoir des crises d'angoisse. J'ai alors à nouveau décidé de faire appel à un psychologue spécialisé dans le cancer. Là non plus, ça n'a rien donné. Ma psychologue était une jeune femme de 23 ans qui sortait tout juste de l'école. Je l'ai remerciée pour son aide et j'ai cherché autre chose. Cette fois, j'ai opté pour l'hypnothérapie, un type de thérapie auquel je crois fermement. Je pratiquais aussi souvent l'autohypnose pour pouvoir supporter la douleur des traitements.
En fait, tout allait bien jusqu'à ce que je me rende compte que je n'avais jamais fait de projets à plus long terme. J'ai fait un travail d'introspection et j'en ai conclu qu'inconsciemment, j'avais peur de mourir jeune. J'ai alors cherché de l'aide auprès d'une autre institution, également spécialisée dans l'aide psychologique aux personnes atteintes d'un cancer. J'y ai suivi un trajet intensif de trois mois, où j'étais exposée à des vidéos de reconstitution dans lesquelles des gens apprenaient qu'ils avaient un cancer. Je devais ensuite dire comment je me sentais. Ce trajet m'a aidée à regarder mes angoisses en face et nous en sommes arrivés à la conclusion que je les avais toujours profondément refoulées. Mais il faut les voir comme un ballon de plage que vous maintenez sous l'eau : au moment où vous relâchez la tension, la balle remonte et vous revient en pleine figure. Après trois mois, j'étais complètement débarrassée de mes angoisses.
Parallèlement au trajet de trois mois, j'ai cherché de l'aide auprès d'un psychologue. Je le faisais avec une certaine méfiance, vu que les fois d'avant, ça n'avait mené à rien. Mais les fois précédentes, on m'avait attribué un psychologue, or cette fois, je décidais d'en trouver un par moi-même. J'ai choisi une psychologue d'origine immigrée, parce qu'elle était plus proche de mon univers. Après avoir été suivie par elle pendant un an, elle en a conclu que sur le plan psychologique, je n'avais gardé aucune séquelle de mon cancer du sein. Maintenant, je ne vais plus la voir que parce que je trouve ça chouette de discuter avec elle."
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