Le ruban Pink Ribbon 2024 : une création de la très zélée Chloé Clauwaert
12/09/2024 - Chloé Clauwaert, trentenaire, a deux enfants, deux beaux-enfants, une créativité sans limites et un diplôme en sciences de la famille. Elle est aussi architecte d’intérieur, triathlonienne et… atteinte d’un cancer du sein. « Quand j’ai peur, je pense à mes enfants », explique cette femme aux multiples talents. « Mieux vaut moi que l’un d’entre eux. Et je repars ! »
Chloé Clauwaert a découvert une boule dans son sein à l’âge de 34 ans. « On la sentait très bien. J’ai immédiatement fait une échographie, pas très loin d’ici », explique-t-elle. On l’a tout de suite rassurée : il s’agissait probablement d’un amas glandulaire. « J’ai classé le dossier, car je ne suis pas du genre à paniquer. Mais au bout de trois mois, j’ai recommencé à m’inquiéter et j’ai consulté mon gynécologue. » Le médecin a une fois de plus rassuré Chloé, mais lui a tout de même conseillé d’arrêter la pilule pendant une semaine supplémentaire. La grosseur allait probablement diminuer. Dans le cas contraire, il faudrait reconsulter. « La grosseur n’a pas disparu. L’échographie effectuée lors de la visite de contrôle a montré qu’il y avait bien quelque chose d’anormal. » Le verdict fut sans appel : cancer du sein hormonodépendant non héréditaire. « Il y a beaucoup de femmes dans ma famille, mais aucune n’a eu un cancer du sein », poursuit Chloé.
Un foulard plutôt qu’une perruque
S’en sont suivis six mois de chimiothérapie, une mastectomie, une radiothérapie, deux ans de chimiothérapie et sept ans de traitement antihormonal. « Perdre mon sein a vraiment été une épreuve », confie Chloé. Les médicaments lui ont aussi fait perdre ses longs cheveux, ses cils et ses sourcils, et elle s’est subitement retrouvée ménopausée dans la trentaine. Ces effets secondaires n’étaient pas des moindres. « Les perruques n’étaient pas faites pour moi », raconte-t-elle. « J’en ai acheté une parce qu’on me l’avait recommandé, mais au final je ne l’ai mise que deux fois. » Les foulards lui convenaient mieux. Et heureusement, ses cheveux ont vite repoussé après la chimio. « Bon, c’est vrai, on aurait dit un poussin au début », plaisante-t-elle. L’humour est l’un de ses traits de caractère, je m’en suis vite rendu compte pendant notre entretien. Chloé est une jeune femme forte et volontaire, qui préfère se tourner vers l’avenir et tracer sa propre route. Son entourage a donc parfois tendance à oublier qu’elle peut aussi être fatiguée et malheureuse. « On me dit souvent que j’ai bonne mine, alors que je ne me sens pas bien », observe-t-elle.
« Heureusement, ses cheveux ont vite repoussé après la chimio. »
Une reconstruction ratée
Un expandeur temporaire a été posé lors de la mastectomie. Il s’agit d’une sorte de prothèse destinée à étirer un peu la peau en vue d’une reconstruction ultérieure. « Ce fut un échec », ajoute sèchement Chloé. « J’ai bien supporté l’expandeur au début. On y injectait du liquide régulièrement. Des tissus adipeux étaient petit à petit prélevés ailleurs et greffés pour la reconstruction mammaire, mais cela engendrait des inflammations et de fortes douleurs, peut-être dues aux médicaments de chimiothérapie que je devais prendre à ce moment-là. » Chloé a longtemps serré les dents, elle se disait que c’était normal. « J’aurais peut-être dû tirer la sonnette d’alarme plus vite », se rappelle-t-elle. Les médecins ont retiré l’expandeur et les tissus adipeux à la suite d’une forte réaction inflammatoire. La reconstruction avait échoué. Quand je lui demande comment elle prend les choses aujourd’hui, Chloé répond : « Ça va. J’ai une prothèse externe. Quand je suis habillée, on ne voit pas que j’ai perdu un sein, même si je porte des vêtements un peu plus ajustés. »
« J’aurais peut-être dû tirer la sonnette d’alarme plus vite. »
Sciences de la famille
Avant sa maladie, Chloé travaillait comme architecte d’intérieur dans le bureau de son ami, mais le contact avec les gens lui manquait. Elle a profité de son congé maladie pour reprendre des études en sciences de la famille. « Je ne l’aurais pas fait si je n’avais pas eu un cancer, même si je rêvais depuis longtemps de faire quelque chose pour les gens », confie-t-elle, « Mais ça n’a pas été facile d’étudier avec des enfants à la maison. » Quatre enfants, plus précisément : deux enfants à elle, de 10 et 8,5 ans, et deux beaux-enfants de 14 et 16 ans. « Cette période a aussi été très intense pour mon compagnon et les enfants. » Est-elle parvenue à étudier malgré les effets secondaires des traitements lourds contre le cancer ? « J’étudie plus lentement, mais ça va. J’essaie simplement de faire comme s’il n’y avait pas de chimiothérapie, ça m’aide », explique-t-elle (aussi étonnant que ça puisse paraître).
Chloé a vu sur les médias sociaux que Pink Ribbon lançait un appel à candidatures pour son ruban et elle y a répondu. Elle a dessiné un magnifique ruban et, très vite, elle a été invitée à collaborer avec Pink Ribbon et CKS pour concevoir le nouveau ruban 2024. « J’ai la fibre créative depuis mes secondaires et je l’ai exploitée pendant mon traitement, dans les bons jours », poursuit-elle. Et de quelle manière !
« J’ai la fibre créative depuis mes secondaires et je l’ai exploitée pendant mon traitement, dans les bons jours. »
Chloé a créé son propre site web (https://www.chloeclauwaert.be/). Elle y publie des dessins architecturaux abstraits au trait ainsi que des vidéos où on la voit à l’œuvre, pleine d’entrain. Elle ne s’en vante pas, mais en octobre 2024, Chloé Clauwaert organisera sa première exposition de dessins au Sablon à Bruxelles. « C’était aussi mon rêve », confie-t-elle. En marge du dessin, elle s’est d’ailleurs aussi lancée dans la personnalisation de baskets. Une chose est sûre : Chloé ne manque pas d’idées originales.
Penser aux enfants
Je lui demande si le cancer du sein l’inquiète encore beaucoup. « Absolument, il arrive que l’angoisse m’envahisse », répond Chloé. « J’ai encore senti quelque chose dernièrement. Alors, je panique. Dans les moments difficiles, je retrouve mon calme en pensant à mes enfants. Je suis heureuse qu’ils soient là, et qu’ils soient en bonne santé. L’inverse serait bien pire. »
Où puise-t-elle toute cette énergie ? « Dans le sport. Mon compagnon et moi faisons des triathlons. Lui des complets, moi des semi-triathlons. Enfin, disons que j’en faisais », rectifie-t-elle. « Mais je compte m’y remettre au plus vite. J’en ai besoin. Je n’ai jamais arrêté de courir tout au long du traitement. De moins en moins longtemps, mais tout de même. » Chloé n’a jamais baissé les bras. En octobre 2022, l’année où on lui a diagnostiqué son cancer, Chloé a participé à La Marche Rose. À elle seule, elle a récolté 4 000 euros. À la clinique du sein (UZ Brussel), où elle a été soignée, les patients se voient proposer un programme de rééducation après la chimiothérapie. « J’ai demandé à mon médecin si je pouvais déjà commencer pendant la chimio, et il m’a dit que oui. Quand je n’étais pas trop malade, j’allais en rééducation deux fois par semaine pour faire du sport. Je suis persuadée que ça m’a aidée. C’est certain. Il ne faut pas rester les bras croisés, il faut rester physiquement actif et aller de l’avant. » Chloé n’a pas son pareil pour ce faire.
Infos sur l’exposition de Chloé Clauwaert
SR Gallery. Rue Ernest Allard 37, 1000 Bruxelles (Sablon)
- 5/10 de 17 h 30 à 21 h 30
- 13/10 de 11 h à 18 h
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