Le témoignage de Géraldine C. - Partie 1
Dépistage Diagnostic Traitement22/06/2021 – Agée de 27 ans, cette bombe d'énergie aux sourires XXL et à l'enthousiasme contagieux cumule deux jobs: neuropsychologue indépendante dans un hôpital bruxellois et psychologue du travail pour une entreprise de chimie. C'est lors d'une banale consultation que son gynécologue lui trouve une boule au sein. Pendant toute la durée de son traitement, Géraldine C. nous raconte son histoire.
"Tout commence en mars 2021, à l'occasion du rendez-vous annuel chez mon gynécologue: je le connais depuis longtemps et j'ai une totale confiance en lui. Il palpe cette boule, laquelle ne lui semble pas inquiétante car elle est mobile. Néanmoins, il m'envoie chez l'une de ses consœurs pour une mammographie et échographie. Qui, en observant une zone très vascularisée, décide de pratiquer immédiatement une biopsie.
Sereine et rassurante
Une semaine après ces examens, mon gynécologue me téléphone, en prononçant ces phrases choc: "Je dois te voir aujourd'hui. Je t'intercale entre mes consultations." Un moment compliqué car je me doute qu'il s'agit d'une mauvaise nouvelle. J'appelle directement ma maman, qui panique également. Pourtant, j'ai besoin d'aller seule à ce rendez-vous, de poser les questions qui m'angoissent et d'entendre ses réponses. Le praticien aborde tout avec franchise: les résultats ont malheureusement révélé une tumeur cancéreuse. La chimiothérapie entraînera une perte de mes cheveux. J'aurai besoin de traitements complémentaires. Et surtout, oui, je pourrai avoir des enfants: il prévoit d'ailleurs un prélèvement d'ovocytes afin de mettre toutes nos chances de notre côté pour, avec mon conjoint, devenir parents un jour. Et oui, je pourrai allaiter avec l'autre sein. C'étaient mes plus grandes préoccupations… Je sors de là réconfortée et relativement sereine, rassurant même ma maman.
Le meilleur des pires
Je ne pense pas une seconde que je risque de mourir, j'ai confiance en les nouvelles technologies. Même si je connais un gros épisode de stress dans l'attente des résultats de l'IRM, du PET Scan… Puis, mon médecin affirme: "C'est le meilleur des pires diagnostics". Je retrouve ma confiance: j'imagine des jours difficiles durant les quelques mois de thérapie puis que tout repartira comme avant. Immédiatement après le prélèvement d'ovocytes, j'entame la chimiothérapie début avril 2021. Je reste décidée à poursuivre ma vie normale, en continuant à bouger et à travailler. D'ailleurs, je préviens uniquement ma manager, précisant mon désir de recevoir du boulot comme les autres. Elle se montre terriblement compréhensive et repère rapidement les jours post-chimio où, pour moi, c'est plus compliqué.
Le début de la chimio
Oui, je l'avoue: je ne m'attendais pas à être si malade après la première dose de chimiothérapie. Dès le soir-même, les nausées, dégoûts, maux de tête surgissent, entraînant des insomnies. Je ne supporte plus la nourriture, les odeurs… J'essaye de grignoter un peu de yaourt, quelques noix mais le malaise persiste. Le lendemain matin, après une nuit blanche, je suis appelée en urgence au travail. On a besoin de moi, alors je n'hésite pas. Sur place, je retrouve de l'énergie, je me sens utile. Depuis, j'ai compris que plus je bouge, plus je sors,… plus j'oublie les effets secondaires de la thérapie. Après deux jours post-chimio difficiles, je recommence à évoluer normalement. Je bosse, je fais du shopping, je monte mes deux chevaux, je me promène… Je ne me considère pas comme une malade.
De toutes les longueurs, de toutes les couleurs
Quinze jours après, deuxième dose de chimio. Et là, je commence à perdre mes cheveux. Jusqu'alors, j'étais persuadée que j'y échapperai, que moi, je serai différente! Lorsque j'observe les premières mèches tomber un peu partout, je décide de couper dix centimètres. Puis encore dix autres centimètres de ma chevelure bien fournie. Finalement, je me rase tout et au final, cela me soulage. Avec mon conjoint, on transforme cette étape en grand moment de rigolade. On prend plein de photos de mon "crâne d'œuf" pour les montrer plus tard à nos enfants. Au départ, je pensais garder ma perruque constamment, même chez moi, même pour dormir… Maintenant, cela ne me dérange plus d'être vue tête nue par mes proches. Pour monter à cheval, je ne mets rien sous ma bombe, c'est plus confortable. Je porte parfois un bonnet, davantage pour lutter contre le froid. Je m'aperçois que je le vis très bien et je m'en fous du regard des autres!
Pourquoi moi?
Bien sûr, je me pose cette question: "Pourquoi moi?" Je suis sportive, je n'ai jamais fumé, je bois très rarement un verre de champagne, je suis active… Je sais aussi que je n'aurai jamais de réponse. Néanmoins, depuis le diagnostic, je mange bio et j'ai jeté toutes mes vieilles casseroles, ma maman me répétant depuis des années qu'elles étaient cancérigènes! Mon pêché mignon: je continue à boire des sodas énergisants mais j'ai réduit les doses… "Pourquoi moi?" puis je pense immédiatement après: "Heureusement que cela m'arrive à moi et non pas à ma maman ou à ma grand mère". Moi, je sais que je suis capable de combattre cette maladie.
L'impuissance des proches
Je suis extrêmement triste de la peine occasionnée à mes proches et consciente de leur impuissance. J'aimerai tant les préserver. Si j'ai un conseil à leur donner? Ne vous oubliez pas! Continuez vos activités, continuez à vivre normalement, à rigoler, à discuter et même à oser se disputer… Et surtout, pas de larme, ni de pitié! Le plus dur, c'est pour eux: il faut beaucoup de courage pour accompagner les malades, sans culpabiliser de se sentir bien… Ne minimisez pas cette force car vous restez notre pilier essentiel.
Une nouvelle vie
Depuis que je suis gamine, je me répète cette phrase de Nietzsche: "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort". Je repère des opportunités dans cette étape de ma vie: je peux enfin constamment changer de coiffure en alternant les perruques courtes, longues, blondes, brunes! Le cancer m'oblige aussi à me poser, moi qui avance toujours dans la précipitation, qui veux tout immédiatement. Me voilà obligée de prendre le temps, de ralentir ma course… Enfin, j'ai toujours été très solitaire et maintenant, je reçois énormément de messages de soutien, qui me font plaisir. Tout le monde est présent pour me motiver. Même mon père avec lequel j'avais autrefois des relations plutôt tendues. Finalement, avec cette maladie, j'ai donc presque tout gagné.
Texte rédigé par Michele Rager
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