Perte de cheveux… comment réagir ?
Dépistage Diagnostic Traitement Après le cancer du sein Coupe de coeur29/07/2021 – Annette (65 ans) apprend en avril 2012 qu'elle souffre d'un cancer du sein. Elle témoigne de sa réaction face à la perte de ses cheveux, les inévitables montagnes russes émotionnelles, les rebondissements inattendus et la façon dont, désormais, elle prend plus que jamais soin de ses cheveux.
"Quand je vois quelqu'un qui a perdu ses cheveux par suite d'une maladie, je me sens toujours tellement triste et désolée. Mais quand il s'agit de soi, je vous assure que la dernière chose que l'on veut, c'est d'être prise en pitié."
“En 2012, j'étais sous la douche quand j'ai découvert une boule au-dessus de mon sein droit. Quelques jours plus tard, j'apprenais que j'avais un cancer du sein. Très vite après le diagnostic, l'oncologue a abordé la question de la perte des cheveux, mais je n'avais vraiment pas envie d'y penser. A ce moment-là, on est assailli par tant d'informations qu'on n'a pas trop le temps de s'y arrêter. La perte des cheveux était le cadet de mes soucis. Mais juste avant ma première chimio, l'infirmière du service a remis le sujet sur le tapis. Elle m'a parlé des différentes possibilités : le port d'un foulard ou d'une perruque, ou le choix de rester comme cela. Ma première réaction a été de dire : "Je ne ferai rien". Qu'est-ce que ce foutu cancer croyait ? Qu'il allait me dicter ce que je devais faire avec mes cheveux ?"
Un foulard, une perruque ou rien du tout ?
"On m'a remis la documentation nécessaire pour que je puisse me préparer à une éventuelle perte de cheveux, mais peut-on vraiment s'y préparer ? Au début de ce parcours du combattant, on n'a aucune idée de l'impact émotionnel que provoque la perte des cheveux. Quand je vois quelqu'un qui a perdu ses cheveux par suite d'une maladie, je me sens toujours tellement triste et désolée. Mais quand il s'agit de soi, je vous assure que la dernière chose que l'on veut, c'est d'être prise en pitié."
"Décider de ce que je voulais faire avec mes cheveux a été extrêmement difficile, mais j'ai eu le soutien et les conseils de ma meilleure amie Heidi. Je suis arrivée à la conclusion que "ne rien faire" n'était peut-être pas la meilleure solution. Ma chimiothérapie devait avoir lieu en plein été et je ne voulais surtout pas me faire remarquer au café, en terrasse… Mais je n'étais pas non plus vraiment convaincue par la solution du foulard. Pour m'aider à trancher la question, mon amie m'a suggéré de prendre rendez-vous chez un coiffeur spécialisé qui, en plus de la coupe de cheveux, est aussi spécialisé dans la 'réparation' des cheveux, les prothèses et extensions."
"Ce coiffeur, David, a été un cadeau du ciel ! Je me suis tout de suite sentie comprise et on sentait que, de son côté, il s'y connaissait vraiment. Il m'a expliqué les différentes possibilités et m'a demandé si je voulais essayer des perruques. J'ai dit oui, de manière très hésitante, mais il m'a semblé que tout un monde s'ouvrait à moi. David a trouvé une perruque qui était exactement de la même couleur que mes cheveux et il a pu l'adapter à ma coiffure pour qu'on ne remarque pas que je porte une perruque. Il m'a laissé y réfléchir, mais pas trop longtemps, car la perruque devait être coupée avant que je ne commence à perdre mes cheveux. Après une nuit difficile et pas mal de larmes, j'ai décidé d'opter pour la perruque. Je me sentais en confiance avec ce coiffeur et j'avais confiance en lui pour m'aider à traverser cette période difficile.”
Des touffes de cheveux
“C'est pleine de courage que je suis allée à ma première séance de chimiothérapie le 2 juillet : je m'étais préparée à perdre mes cheveux environ deux semaines plus tard. Le 14 juillet, j'ai été admise en urgence à l'hôpital car ma prise de sang était mauvaise et j'avais un pneumothorax. J'ai dû être mise en isolement. Apparemment, le pneumothorax était consécutif à la pose du Port-A-Cath (*). Avec tout ça, j'en avais presque oublié ma future perte de cheveux, jusqu'à ce qu'un matin, je voie de grosses touffes sur mon lit d'hôpital. J'ai immédiatement eu les larmes aux yeux. Je m'étais si bien préparée… puis il y a eu cette admission inattendue à l'hôpital. Heureusement, l'infirmière de service était là pour m'aider. Elle est immédiatement allée chercher une serviette pour la mettre sur mon oreiller afin que nous puissions nous débarrasser des cheveux. Elle m'a également proposé de me brosser les cheveux tous les jours pour que les cheveux en voie de tomber disparaissent rapidement.
"Lorsque j'étais seule – comme on l'est forcément à l'isolement – j'ai beaucoup pleuré, mais il y a eu aussi de beaux moments. La femme de ménage de l'hôpital a dit un jour : "Annette, on a été stupides. On aurait dû mettre vos cheveux dans un sac chaque jour et les vendre pour que vous puissiez vous acheter une robe !" Et on a tous éclaté de rire."
"Cinq jours après mon hospitalisation, j'ai pu rentrer chez moi pour me préparer à ma deuxième séance de chimio. Mon compagnon est venu me chercher et j'ai immédiatement voulu aller chez le coiffeur spécialisé, mais je voulais le faire seule. Une fois là-bas, David a commencé à m'expliquer en long et en large comment il allait procéder. Je lui ai dit de faire son truc rapidement parce qu'à ce moment-là, je n'en avais plus grand-chose à faire. L'hospitalisation m'avait tellement fait peur que la perte de mes cheveux n'était plus la pire chose qui pouvait m'arriver. Je suis ressortie avec ma perruque et – étrange mais vrai – même les amis que je voyais régulièrement n'ont pas vu de différence."
Se retrouver soi-même
“Se confronter à la perte de ses cheveux est évidemment quelque chose de difficile, j'avoue que je ne me sentais plus moi-même. Même si mes proches me disaient que je gardais tout mon caractère même sans cheveux, je ne me sentais plus vraiment femme et c'était dur. D'autant que la perruque me faisait parfois mal. Par exemple, j'ai dû enlever mon col roulé pour une des séances de radiothérapie et j'ai oublié de retirer ma perruque, du coup, elle s'est coincée dans mon pull. À ce moment-là, l'infirmière a ouvert la porte et a voulu m'emmener sans ma perruque, parce que 'ce n'était pas si important'. J'avais les larmes aux yeux et je me suis rendu compte à ce moment-là à quel point les cheveux étaient devenus importants pour ma confiance en moi."
"Pendant longtemps, j'ai eu énormément de mal à séparer ce qui concernait mes cheveux de mon 'vécu cancer', même quand mes cheveux ont commencé à repousser... Je ne me suis sentie redevenir moi-même que lorsque mon ancien coiffeur a pu à nouveau me couper les cheveux. Alors seulement j'ai revu la 'vraie Annette' dans le miroir, après si longtemps... Mais à cause de l'hormonothérapie, je continue de perdre des cheveux, ça reste donc un sujet sensible pour moi. Un jour, cette perte de cheveux m'agace, le lendemain, je m'en moque. Je chéris beaucoup plus mes cheveux maintenant qu'avant, car je me rends compte qu'ils font partie de la vie d'une femme.”
Rédigé par Annette Van Hoof
*Port-A-Cath = cathéter doté d'un réservoir implanté dans une artère située sous la clavicule pour limiter les ponctions douloureuses nécessaires aux prises de sang et à l'administration de médicaments. (Source : UZLeuven)
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