Quand votre maman souffre d’un cancer du sein…
Diagnostic Traitement Après le cancer du sein18/03/2022 - Andreas et Axelle étaient encore jeunes quand un cancer du sein a été diagnostiqué chez leur maman, Muriël. Séparée, Muriël a programmé ses premiers examens à l’hôpital la semaine durant laquelle ses enfants étaient chez leur père. Avant d’entamer les traitements, elle s’est offert un petit voyage avec ses deux jeunes enfants. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, Muriël revient sur cette période marquante avec Andreas et Axelle. Des souvenirs douloureux, que tous se remémorent courageusement et que Muriël a retranscrits pour vous.
« Juin 2016. Mes enfants Andreas et Axelle avaient respectivement 13 et 9 ans quand on m’a diagnostiqué un cancer du sein. Quand le diagnostic tombe, tout se bouscule dans votre tête. Vous vous posez mille questions et l’angoisse vous gagne. Personnellement, je me suis avant tout demandé comment j’allais annoncer la nouvelle à mes parents et à mes enfants. On veut protéger ses proches, mais on ne peut pas leur cacher de telles informations. Au moment du diagnostic, vous ne savez pas encore très bien dans quoi vous vous engagez. Est-ce grave ? Qu’est-ce qui m’attend ? Comment va réagir mon corps ? Quel traitement vais-je devoir suivre ? Comment dire à mes enfants que leur maman est malade ? »
Vous vous rappelez encore le moment où je vous ai dit que je n’allais pas très bien ?
Andreas : « Je me souviens qu’il faisait beau et que la fin de l’année scolaire approchait. Je n’avais plus d’examens, donc j’étais de très bonne humeur. »
Axelle : « Très vaguement. Tu avais un air sérieux, mais tu nous as quand même parlé sur un ton très “léger”. J’étais encore petite. Je ne me rendais pas vraiment compte de ce qui se passait. »
Andreas : « J’avais compris que c’était grave, mais je n’osais pas poser trop de questions. Tu t’étais fait retirer une petite grosseur au niveau de l’œil quelques mois plus tôt et là, tu nous annonces qu’il faut aussi en retirer une dans ta poitrine. »
Qu’avez-vous ressenti ?
Andreas : « Honnêtement, j’avais le sentiment que tout allait bien se passer. La grosseur de ton œil avait été retirée en une heure. Je me disais donc que ça serait plus ou moins la même chose ici. Tu n’as pas laissé transparaître beaucoup d’émotions quand tu nous as annoncé la nouvelle. Tu n’as pas pleuré. Tu as insisté sur le fait que tu faisais totalement confiance au médecin et que tout était mis en œuvre pour t’aider. »
Axelle : « Je n’ai pas vraiment réfléchi. Tu semblais normale en nous parlant, rien ne laissait penser que tu étais submergée par les questions et les angoisses. En fait, tu cherchais à nous préserver. Mission accomplie, donc ! »
Peu après, vous êtes partis une semaine chez votre papa. Il était au courant et je lui avais demandé de vous soutenir si nécessaire.
Andreas : « Mais ça n’a pas été nécessaire, nous n’avons pas abordé le sujet. Papa nous a seulement dit que tout allait bien se passer. Je savais que tu devais aller tous les jours à l’hôpital cette semaine-là. On s’appelait régulièrement, mais tu disais chaque fois que ça allait aller. »
Axelle : « Nous partions en voyage peu après notre retour chez toi, mais les valises n’étaient pas encore faites. J’ai trouvé ça bizarre, parce qu’en principe, chaque voyage est préparé dans le moindre détail, des semaines à l’avance. »
Andreas : « Tu avais passé tous les examens et tu avais supplié le médecin de reporter l’opération d’une semaine, car tu tenais absolument à partir en voyage. Il avait accepté, car tu ne partais pas loin et pour seulement une semaine. Je me rappelle que tu étais aux anges. »
Axelle : « Aussi étrange que cela puisse paraître, ce fut un chouette voyage. Tu as vraiment fait de ton mieux pour te détendre et ne pas trop t’inquiéter. Je me souviens de toi au bord de la piscine, avec un bras couvert de bleus. “Les gens vont croire que je suis une femme battue”, nous as-tu dit. »
Mais le retour à la maison a marqué le retour à la réalité. Je devais être opérée et j’attendais anxieusement de connaître le traitement que j’allais devoir suivre.
Andreas : « Nous étions chez papa quand tu t’es fait opérer. Nous n’avons donc pas vécu cet événement de près. Toutes les visites à l’hôpital, les contrôles, l’hospitalisation : tu t’es toujours arrangée pour que ça tombe la “semaine de papa”. »
Axelle : « Tu avais mal quand nous sommes rentrés. Tu étais incapable d’enfiler un t-shirt ou une robe. Tu pouvais à peine bouger le bras. Je devais faire attention quand je te faisais des câlins. »
Andreas : « Les fleurs et les cartes que tu recevais m’indiquaient que la situation était grave, mais je ne disais rien. Avec le recul, je me dis que c’était ma manière de faire face. Si on ne parle de rien, c’est qu’il n’y a rien. Et la manière dont tu gérais la situation me rassurait. »
L’été a passé, vous êtes rentrés à l’école, mais je suis restée à la maison. Par chance, je n’avais pas besoin de chimiothérapie. Je devais juste faire de la radiothérapie. Comment avez-vous vécu cette période ?
Andreas : « C’était bizarre. Tu restais à la maison, mais physiquement, on ne voyait rien. Tu n’avais pas l’air malade. Or, tu devais aller à l’hôpital tous les jours. Je ne comprenais pas très bien. L’opération s’était bien passée, il n’y avait pas de métastases et malgré tout, tu devais rester à la maison. Je sais que tu avais du mal, car tu voulais aller travailler. »
Axelle : « Mais après quelque temps, tu as vraiment semblé fatiguée. Tu essayais de travailler un peu de la maison, mais plus les semaines passaient, plus c’était difficile. »
Andreas : « Je me rends compte que c’était plus facile à vivre pour nous. Tu n’as pas dû faire de chimio et tu n’as jamais perdu tes cheveux. Le monde extérieur ne voyait pas que tu étais malade. Personne ne posait de questions. Nous n’avons pas été durement confrontés à la maladie. Je crois que c’est beaucoup plus compliqué pour les enfants dont la maman doit subir une lourde chimiothérapie. »
Avez-vous des conseils à donner aux parents qui doivent annoncer une telle nouvelle ?
Andreas : « Il est bon de se montrer honnête vis-à-vis des enfants et de ne pas minimiser la maladie. Mais les enfants n’ont pas besoin de tout savoir. Il peut aussi s’avérer utile de demander à une personne extérieure au foyer “d’être là” pour les enfants. Il arrive qu’on n’ose tout simplement pas poser de questions. Dans ce cas, c’est une bonne chose que quelqu’un d’autre puisse apporter des réponses. »
Écrit par Muriël Julet
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