Le Dr Vivek Murthy, administrateur de la santé publique des États-Unis, prône l’apposition de l’avertissement « L’alcool provoque le cancer » sur les boissons alcoolisées. Il profite de l’arrivée de la nouvelle administration Trump pour insister sur ce message, car le nouveau président américain ne boit pas d’alcool. Selon un nouveau rapport*, qui compile des études menées précédemment sur l’alcool et le cancer, la consommation d’alcool constitue un facteur de risque pour sept types de cancer : le cancer du foie, le cancer de la bouche, le cancer de la gorge, le cancer du larynx, le cancer de l’œsophage, le cancer du côlon et le cancer du sein. Si pour certains, comme le cancer du foie, il faut déjà consommer beaucoup d’alcool pour entrer dans la zone à risque, pour d’autres, notamment le cancer du sein, le risque augmente déjà de 10 % environ à partir d’un seul verre par jour.

On fait dire ce qu’on veut aux chiffres

Concrètement ? Une femme âgée de 40 à 50 ans présente, en moyenne, un risque de 1,45 % de développer un cancer du sein. Ce risque passe à 1,59 % (+ 10 %) quand on consomme un verre d’alcool par jour et à 1,74 % (+ 20 %) quand on en boit deux. Entre 50 et 60 ans, une femme présente un risque moyen de cancer du sein de 2,4 % si elle ne boit pas ; ce risque passe à 2,64 % (+ 10 %) avec un verre par jour, à 2,88 % (+ 20 %) avec deux verres et à 3,12 % (+ 30 %) avec trois verres. Les chiffres que l’on choisit d’évoquer dépendent du message et de celui qui le diffuse. Si on veut présenter l’alcool sous un jour négatif et faire peur, on utilisera les chiffres relatifs (10 % de risque en plus par verre). Il est toutefois plus correct de donner les chiffres absolus. Un exemple : si vous avez 52 ans et que vous buvez un verre de vin par jour, le risque que vous développiez un cancer du sein passe de 2,4 % à 2,64 %. C’est moins effrayant, mais ce n’est pas tout à fait correct non plus, car en réalité, le risque de cancer du sein n’est pas uniquement influencé par l’alcool : le surpoids, l’exercice physique, le tabagisme, l’hormonothérapie liée à la ménopause et l’hérédité jouent aussi un rôle.

*Alcohol and Cancer Risk 2025. The US Surgeon General’s Advisory.