L'angoisse des scanners !
Après le cancer du sein Témoignage
27/10/2023 - Passer des examens de contrôle en tant qu'(ancienne) patiente atteinte d'un cancer du sein est un cauchemar permanent pour de nombreuses personnes. Pour Martine aussi. Courageusement, dans ce témoignage, elle parle de ses peurs et donne des conseils pour y faire face.
Cela vous est familier ? Toujours emprunter les mêmes couloirs pour subir à nouveau l'un ou l'autre examen contraignant... Vous avez en effet encore rendez-vous pour un scanner, une échographie, une IRM, une mammographie ou un contrôle périodique avec prise de sang. Car après tous les traitements, vous restez une fidèle cliente de l'hôpital, avec toujours dans votre panier l'angoisse et l'incertitude qui vont de pair. Même des années plus tard, il ne vous est pas permis d'être sereine. Et si ça revient, et si ça tourne à nouveau mal ? Ne pas sombrer dans l'angoisse est en particulier très difficile pour les personnes atteintes d'une maladie incurable qui doivent vivre avec un corps peu fiable et une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Cela demande énormément de résilience. Vous n'êtes cependant pas seule face à vos difficultés. L'angoisse refait très souvent surface, même chez les personnes avec un bon pronostic.
Ce n'est que quand vous avez (eu) un cancer que vous savez ce que cela fait de patienter dans la salle d'attente le cœur serré. L'incompréhension de votre entourage face à vos inquiétudes et vos incertitudes vous fait vous sentir encore plus seule. L'attente entre l'examen et la date des résultats est souvent un vrai calvaire. Si tout est en ordre, vous voilà soulagée l'espace d'un instant, mais le prochain contrôle se profile déjà et c'est reparti pour un tour.
Je me rappelle encore la première fois où j'ai vraiment eu peur de mourir. Mon traitement venait de se terminer, mais comme j'en étais presque à un stade 4, le médecin me conseillait de prendre part avec lui à une étude expérimentale. Lors du verdict du PET scan obligatoire, ses mots retentirent dans ma tête : « Nous avons une mauvaise nouvelle, nous voyons des opacités sur vos poumons. » Il avait commencé par me présenter ses condoléances, car il savait que la veille au soir, j'avais appris le décès d'une amie chère et compagne d'infortune. Je me sentais donc déjà très vulnérable. Je ne ferais un nouveau scanner que trois mois plus tard, parce que ce n'est qu'alors qu'ils pourraient vraiment bien voir si les kystes présents avaient évolué ou non. Je peux vous dire que ces trois mois ont été un véritable enfer. Les pires scénarios me passaient par la tête. Je ne dormais plus, je mangeais à peine, j'étais très émotive et susceptible. Les effets secondaires de l'hormonothérapie que je prenais il n'y a pas encore si longtemps se faisaient aussi encore fortement sentir. Émotionnellement parlant, j'étais une épave. Heureusement, le scanner était finalement bon, les carcinomes s'étaient réduits et je pouvais me lancer dans l'expérience le cœur tranquille. J'ai à nouveau été suivie de très près, avec des contrôles stressants fréquents et en étant à chaque fois amèrement confrontée à la lutte et au chagrin de nouvelles compagnes d'infortune à l'hôpital de jour oncologique. Malgré vous, vous restez en effet la patiente avec un mauvais pronostic qui se raccroche à chaque lueur d'espoir.
Cela fait maintenant presque six ans que j'ai reçu le diagnostic. Au cours de cette période, mon corps s'est souvent joué de moi, me contraignant à des dizaines de scanners, de contrôles et de prises de sang supplémentaires. J'ai toujours la chair de poule quand je sillonne les couloirs de l'hôpital, mais je ne panique plus aussi souvent. J'essaie de relativiser davantage. Je préfère m'efforcer de rendre ma vie et celle de ma belle et grande famille aussi agréables que possible. Ressasser le passé et s'inquiéter maintenant de ce qui pourrait éventuellement mal tourner n'a aucun sens. Vous pourrez toujours vous faire du souci le moment venu.
- Cela aide de savoir que vos angoisses sont changeantes : elles viennent, mais elles s'en vont aussi. L'angoisse s'atténue tout simplement avec le temps.
- Parlez de vos craintes et confrontez-les. Demandez-vous ce qui vous fait peur exactement et cherchez des solutions. Les lectures sur le sujet peuvent aussi vous aider.
- La veille de votre contrôle ou des résultats, faites des choses agréables : distrayez-vous, faites du sport ou allez vous promener.
- Dites stop aux pensées négatives et préférez les discours motivants et positifs : passez par exemple d'une pensée négative telle que « Je suis certaine que le cancer va revenir » à une pensée plus positive comme « J'ai un bon médecin et il y a de fortes chances que je guérisse. » Ou encore : « Ce n'est pas parce que le cancer revient que c'est forcément la fin, la science continue en effet de progresser. »
- Faites confiance aux médecins, ils savent de quoi ils parlent, et n'hésitez pas à leur demander des explications. Après tout, c'est votre corps et votre vie.
Prenez bien soin de vous, essayez de garder courage et demandez éventuellement l'aide d'un professionnel si ça devient trop difficile. Ne laissez pas l'angoisse régir votre vie, elle est bien trop
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