10 questions sur l’hormonothérapie dans le cadre du traitement du cancer du sein
Traitement Centre d'expertise du cancer du sein03/02/2023 - La plupart des femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant suivent une hormonothérapie à un moment donné du parcours thérapeutique. Cette thérapie est parfois brève, mais en général, elle dure plusieurs années. Elle soulève un tas de questions. Nous avons répertorié les plus fréquentes.
1. Quand a-t-on recours à l’hormonothérapie ?
L’hormonothérapie n’est utile qu’en cas de cancer du sein hormonodépendant. On n’y a donc pas recours en présence d’un cancer du sein triple négatif, car ce type de cancer ne réagit pas aux hormones féminines. L’hormonothérapie est généralement mise en place après d’autres traitements contre le cancer, comme la chirurgie et la radiothérapie : elle est alors destinée à réduire le risque de récidive. En cas de grosse tumeur, on a parfois recours à l’hormonothérapie avant l’intervention chirurgicale afin de réduire la tumeur en vue de l’opération. Si le cancer du sein est à un stade avancé, l’hormonothérapie peut également s’avérer utile pour ralentir la croissance de la tumeur.
2. Comment fonctionne l’hormonothérapie ?
L’évolution d’un cancer du sein hormonodépendant est favorisée par l’hormone féminine œstrogène. Les œstrogènes sont produits par les ovaires et par les cellules adipeuses. En présence d’un cancer du sein, il est préférable de limiter la production d’œstrogènes par l’organisme. C’est ce que fait l’hormonothérapie : d’une part, ce traitement bloque la production d’hormones féminines et, d’autre part, il réduit l’influence des œstrogènes qui circulent encore dans l’organisme sur les cellules cancéreuses du sein.
3. Quelle est la différence entre l’hormonothérapie destinée à traiter un cancer du sein et l’hormonothérapie prescrite à la ménopause ?
Dans le cadre du traitement du cancer du sein, l’hormonothérapie réduit la concentration d’œstrogènes dans l’organisme. À l’inverse, l’hormonothérapie prescrite à la ménopause consiste en un apport d’œstrogènes supplémentaires (et parfois d’autres hormones). Les deux traitements poursuivent donc l’objectif inverse, même s’ils portent le même nom. Le terme « traitement anti-hormonal » serait plus approprié pour désigner l’hormonothérapie dans le cadre du cancer du sein. Il est cependant moins courant.
4. Les médicaments administrés dans le cadre de l’hormonothérapie sont-ils toujours les mêmes ?
Trois groupes de médicaments hormonaux sont utilisés dans le cadre de l’hormonothérapie. Ils fonctionnent tous un peu différemment.
Le premier groupe se compose des inhibiteurs de l’aromatase, qui réduisent la concentration d’œstrogènes dans l’organisme en bloquant l’enzyme aromatase. Cette enzyme joue un rôle dans la production de l’hormone féminine par le corps. Parmi ces médicaments, citons Anastrozol®, Letrozol® et Exemestan®.
Le deuxième groupe est celui des modulateurs sélectifs des récepteurs des œstrogènes (SERM) : ils se placent sur les récepteurs des œstrogènes présents sur les cellules cancéreuses du sein. Les œstrogènes n’ont ainsi plus d’impact sur ces cellules. Ce groupe renferme Tamoxifen®, Nolvadex® et Tamoplex®.
Enfin, le troisième groupe, composé des antagonistes des récepteurs des œstrogènes (ERD), bloque les récepteurs des œstrogènes sur les cellules cancéreuses du sein en modifiant ces récepteurs, ce qui les empêche de fonctionner. Ce groupe est uniquement disponible sous la forme d’injection. Il porte le nom de Fulvestrant®.
5. Quels sont les effets secondaires les plus fréquents de l’hormonothérapie ?
Si vous n’êtes pas encore entrée en ménopause, l’hormonothérapie vous y plonge immédiatement, ce qui est assez violent. Les principaux effets secondaires sont les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur, la perte de libido et la fatigue. Autant de symptômes typiques de la ménopause. Parmi les autres effets secondaires potentiels, épinglons les douleurs articulaires et les pertes vaginales. Les femmes ne ressentent pas toutes ces effets dans la même mesure. Si certaines tolèrent plutôt bien le traitement, d’autres souffrent beaucoup, auquel cas on passe parfois à une autre forme d’hormonothérapie.
6. Les comprimés au curcuma peuvent-ils aider à supporter l’hormonothérapie ?
On conseille parfois des compléments au curcuma aux femmes qui souffrent de douleurs articulaires à la suite d’une hormonothérapie. Bien que ces compléments puissent soulager quelque peu les douleurs articulaires, il convient de rester prudent. Certains indices suggèrent que les comprimés au curcuma sont susceptibles de réduire l’effet de l’hormonothérapie, en particulier celui des SERM (dont Tamoxifen®). Demandez toujours conseil à votre médecin, ne prenez jamais de compléments sans avis. Il y a toujours un risque d’interactions avec d’autres traitements en cours.
7. Combien de temps dure l’hormonothérapie ?
L’hormonothérapie entamée après le traitement pour prévenir les récidives se prolonge généralement pendant une longue période : de 5 à 10 ans, en fonction du risque de rechute de chaque patiente.
8. Peut-on interrompre l’hormonothérapie en vue d’une grossesse ?
Pour les jeunes femmes atteintes d’un cancer du sein et qui souhaitent encore avoir des enfants, une hormonothérapie de plusieurs années, qui altère la fertilité (la thérapie les met en ménopause), est très compliquée. L’horloge biologique tourne. Si vous voulez tomber enceinte, vous devez interrompre temporairement l’hormonothérapie. L’interruption dure généralement jusqu’à 2 ans pour une grossesse, un accouchement et un allaitement. Dans l’état actuel des choses, la crainte d’une rechute plus rapide est infondée. D’après une étude menée sur plus de 500 jeunes femmes dont la moitié a interrompu son hormonothérapie dans une optique de grossesse, cette interruption n’a pas accru le risque de récidive après 10 ans de suivi.
9. Peut-on faire du sport pendant l’hormonothérapie ?
Si vous en avez la possibilité, tout à fait. C’est même conseillé. L’activité physique (marche à pied, vélo, natation ou autre exercice en aérobie) réduit la fatigue et atténue les désagréments caractéristiques de la ménopause qu’engendre l’hormonothérapie.
10. Les compléments à base de phytœstrogènes sont-ils autorisés pendant l’hormonothérapie ?
L’hormonothérapie peut provoquer des désagréments caractéristiques de la ménopause, notamment des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes. Comme vous suivez un traitement contre le cancer, vous ne pouvez pas prendre de traitement hormonal pour les contrer. Il existe des compléments alimentaires à base de phytœstrogènes qui contiennent des substances d’origine végétale qui imitent l’action des œstrogènes. Citons par exemple Menohop®, en vente libre en pharmacie ou en ligne. Mieux vaut néanmoins ne pas combiner ces produits à une hormonothérapie, car les phytœstrogènes sont susceptibles de réduire l’efficacité de l’hormonothérapie.
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