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Comment vous gérez une cancer du sein avec votre partenaire ?

Soins psychosociaux

Inge (29) a eu un cancer du sein, son ami Lander (31) y a consacré un livre (Onze borst. Dagboek van kanker de Lander Deweer, € 19,99, Manteau). Vous êtes jeune et amoureux, vous pensez à fonder une famille. Jusqu’au jour où votre amie découvre une boule dans un de ses seins. C’est ce qui est arrivé à Lander et Inge. Lander a écrit un livre sur l’année qui a bouleversé leurs vies. Lisez aussi les conseils de notre experte: Nathalie Cardinaels, psychologue clinicienne à la clinique du sein de l’Hôpital Jessa à Hasselt. Elle est l’auteur du livre: Omgaan met kanker.

"Un seul sein... bizarrement, on s’habitue vite!"

Lander: "Oui, ça m’a fait peur de me réveiller à côté d’une femme sans cheveux”.

Inge: "Lander et moi voyons la vie de la même façon. Le cancer n’y a rien changé. Heureusement”.

Lander: "Je peux comprendre que cette épreuve sépare certains couples. Le cancer bouleverse tout”.

Lander: "L’un comme l’autre, nous avons réduit notre rythme de travail. Profiter de la vie et l’un de l’autre, c’est l’essentiel”.

Lander: "Souvent, je me sentais impuissant. Je participais à tout, mais je ne pouvais pas faire grand-chose. La tumeur était dans le corps d’Inge, pas dans le mien. Avoir en soi quelque chose qui peut vous anéantir, je ne pouvais qu’imaginer ce que c’est. L’écriture m’y a aidé. Je n’exerçais aucun contrôle sur le cancer d’Inge, alors que mes phrases, elles, étaient bien à moi…”

Inge: "C’était un cancer fréquent, dont le traitement était bien maîtrisé. Au début, pourtant, je pensais quotidiennement à la mort. Lors de la première consultation, il y avait deux autres jeunes femmes dans la salle d’attente. Étrangement, ça m’a rassurée: je n’étais pas la seule”.

Lander: "Le cancer est si répandu que tout le monde s’attend à le croiser un jour ou l’autre. Mais pas quand on a moins de trente ans, qu’on vit avec son chéri et qu’on envisage de faire des bébés. Nous avions du mal à y croire. Tout à coup, nous étions obligés de réfléchir à des choses auxquelles, à notre âge, nous n’aurions même pas dû penser”.

Peur de l’abandon

Inge: "J’ai vraiment cru que Lander allait me quitter. Je savais que j’allais devenir laide. Que je risquais de perdre un sein, que je ne pourrais peut-être pas donner d’enfants à Lander. Je me sentais coupable. La maladie ne changeait pas seulement ma vie, mais aussi la sienne”.

Lander: "J’ai eu peur de me réveiller à côté d’une femme sans cheveux, et de ce que le traitement allait faire à notre couple. Mais pas une seconde je n’ai pensé à quitter Inge. Même chauve, je la trouvais toujours belle”.

Inge: "Lander m’accompagnait à l’hôpital, me ramenait à la maison après la chimio, assistait à chaque consultation… Il me réconfortait quand je me sentais déprimée, et je faisais la même chose lorsqu’il n’avait pas le moral, car, pour lui aussi, c’était dur. Ne pas rester seul(e ) face à la douleur et au chagrin, ça les rend plus supportables”.

Lander: "Certains moments sont inoubliables. Quand les cheveux d’Inge ont commencé à tomber, nous les avons rasés ensemble dans la salle de bains de notre appartement. C’était à la fois beau et difficile, et le résultat nous a fait rire tous les deux. De même, le matin où nous nous sommes retrouvés à l’hôpital pour l’intervention, nous sommes restés à regarder dehors, côte à côte, jusqu’à ce qu’Inge soit emmenée en salle d’op. Je savais que je ne la reverrais jamais avec ses deux seins”.

Inge: "Longtemps, j’ai cru que je bénéficierais d’une chirurgie conservatrice. J’ai eu du mal à accepter la réalité. Les premières semaines après l’intervention m’ont paru très bizarres. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire tout seul, mon sein droit?”

Lander: "Je trouvais évidemment Inge plus belle avec ses deux seins. Mais, si j’y avais attaché trop d’importance, notre couple aurait implosé. Si étonnant que ça puisse paraître, je m’y suis vite habitué.”

Inge: "Je ne sais pas si ce sein me manque encore. Le jour où ce sera le cas, je pourrai opter pour une reconstruction, mais, pour l’instant, je n’y pense pas. Nous sommes jeunes, nous préférons dépenser notre argent à autre chose. Mais l’idée que ça peut se faire me console”.

La colère n’a pas de sens

Lander: "Bien sûr que nous avons eu du chagrin. Nous avons eu peur ensemble, pleuré ensemble, mais aussi ri ensemble et profité de la vie ensemble. Nous n’avons pas l’impression d’avoir vécu la pire année de notre vie”.

Inge: "Les deux premières semaines après une chimio, notre maison était notre univers, mais, dès que je me sentais mieux, nous sortions. Rendre visite à la famille ou à des amis, assister à des concerts… En fin de compte, nous avons passé une bonne année, avec des tas d’activités sympas. Nous n’avons jamais été en colère, ni l’un ni l’autre. Ça n’aurait pas eu de sens. Et nous n’avons jamais considéré ma maladie comme un combat. Le cancer, ça ne se combat pas, ça se domine”.

Lander: "C’est comme un match de boxe. On a du mal à rendre coup pour coup, mais on essaie de rester debout”.

Lander: "Je peux comprendre que cette épreuve sépare certains couples. Le cancer bouleverse tout. Si on ne peut pas en parler, on risque de perdre pied. Inge et moi avons beaucoup discuté, mais il nous est également arrivé de rester assis sur un banc à Bruxelles, sans rien dire. Et ça nous faisait tout autant de bien”.

Inge: "Lander et moi voyons la vie de la même façon. Le cancer n’y a rien changé. Et c’est tant mieux, car nous nous serions éloignés l’un de l’autre”.

Lander: "Après ce que nous avons vécu, je n’ai pas le sentiment de mieux connaître Inge: c’est sur moi que j’ai appris beaucoup de choses. Au fond, cette année a confirmé ce que nous savions déjà: nous voulons faire la route ensemble. Mais nous n’avions pas besoin du cancer pour nous en convaincre”.

Adieu, l’insouciance

Lander: "Notre vie ne sera plus jamais la même. Nous avons perdu notre insouciance. Jusqu’à présent, Inge a toujours bien réagi aux médicaments, mais nous ne sommes sûrs de rien. Probablement n’aurons-nous jamais d’enfant. Une grossesse ferait courir trop de risques à Inge”.

Inge: "Ça nous a fait beaucoup de peine. Nous essayons de nous consoler en évoquant les avantages d’une vie sans enfants. Mais ça reste difficile”.

Lander: "L’essentiel, c’est qu’Inge est toujours avec moi. Nous aurions été de bons parents, mais nous sommes heureux à nous deux”.

Inge: "En cas de cancer, il y a toujours un ‘avant’ et un ‘après’. C’est un cliché, mais je ne m’énerve plus autant face aux petits et grands événements sur lesquels je n’ai pas de prise. Je veux profiter de chaque journée”.

Lander: "Nous avons quitté la ville pour les Ardennes flamandes, le calme et la tranquillité. Et, l’un comme l’autre, nous avons réduit notre rythme de travail. Profiter de la vie et l’un de l’autre, c’est l’essentiel. Nous osons nous choisir nous-mêmes. Sans hésitation”.

Onze borst. Dagboek van kanker de Lander Deweer, € 19,99, Manteau

L’autre a un cancer (du sein). Qu’est-ce qu’on fait?

Les conseils de notre experte: Nathalie Cardinaels, psychologue clinicienne à la clinique du sein de l’Hôpital Jessa à Hasselt. Elle est l’auteur du livre Omgaan met kanker.

  • Parlez-en. Ne dissimulez pas vos doutes ou votre chagrin pour épargner l’autre. Osez admettre vos difficultés. Il n’est pas indispensable d’être fort(e) en permanence. Souvent, avouer que ‘ça ne va pas’ est un soulagement. Pour tous les deux.
  • N’en faites pas trop. Rien de plus normal que de vouloir protéger votre partenaire malade, mais l’excès nuit en tout!
  • Ayez une soupape de sécurité. Ne renoncez pas trop vite à votre travail, vos hobbies, vos amis… De temps à autre, il peut être nécessaire de lâcher un peu la pression.
  • Écoutez votre partenaire et soyez là pour elle/lui au lieu de vouloir tout résoudre – car c’est de toute façon impossible. Comme partenaire, vous avez parfois l’impression d’être nul(le): vous êtes là en spectateur, vous ne pouvez rien faire. Ce sentiment d’impuissance est frustrant, mais il faut le surmonter.
  • Osez parler de votre état d’esprit à votre entourage sans vous sentir coupable ou difficile à vivre. Quand on leur demande comment ils vont, les partenaires des patient(e)s balaient souvent la question d’un revers de main, parce qu’ils la jugent sans importance. Ils ont tort.
  • Évitez les malentendus à propos de la sexualité. Après le traitement, beaucoup d’hommes n’osent pas ‘ennuyer’ leur partenaire quand ils ont envie de faire l’amour. Alors qu’elle pense peut-être: ‘Il ne veut pas me toucher, parce qu’il ne me désire plus…”

Source : Magazine Pink Ribbon 2015

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