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Journée d’étude Pink Monday « Travail et cancer du sein, comment faire ? »

Après le cancer du sein Retour au travail Soins psychosociaux Pink Monday

29/03/2022 - Le retour au travail après un cancer du sein est toujours un défi aussi bien pour l’employeur que pour l’ex-patient(e). Le 4 février 2022, Journée Mondiale contre le Cancer, Pink Ribbon asbl avait convié plusieurs experts à venir réfléchir à la question au cours d’un séminaire.

Le cancer du sein est l’une des maladies oncologiques les plus fréquentes dans la population féminine : une femme sur neuf en sera victime à un moment ou l’autre de sa vie. « Les entreprises ont donc de fortes chances d’être confrontées tôt ou tard à des absences liées à cette maladie », a rappelé d’entrée de jeu Hilde Debackere, administratrice déléguée de Pink Ribbon, lors de la journée d’étude « Travail et cancer du sein, comment faire ? ». « Comment gérer cette réalité en tant qu’entreprise ? En tant que collègue ? En tant qu’employeur ? Au travers de son initiative Pink Monday, Pink Ribbon veut briser le tabou autour du cancer du sein dans les sphères professionnelles, mais aussi favoriser la reprise du travail après la maladie. »

Le projet « retour au travail »

À mesure que le traitement du cancer du sein devient de plus en plus efficace, les chances de survie augmentent et un nombre croissant de femmes et d’hommes souhaitent reprendre le fil de leur activité professionnelle après la thérapie. Malheureusement, la reprise est loin d’être toujours évidente et s’apparente souvent plutôt à un parcours semé d’embuches. Le processus de réintégration professionnelle a le plus de chances de réussir lorsque les ex-patient(e)s bénéficient d’un bon accompagnement… qui est toutefois rarement une réalité dans la pratique. Pink Monday espère pouvoir changer la donne. C’est notamment pour cette raison que l’association avait également convié le ministre des affaires sociales et de la santé publique Frank Vandenbroucke à venir exposer sa vision lors de la journée d’étude. « Travailler est important pour se sentir utile et respecté », a souligné le ministre. « La santé passe évidemment avant tout, mais les personnes confrontées à un cancer du sein s’inquiètent aussi pour leur vie professionnelle et pour leur avenir. La perspective de pouvoir reprendre un jour le travail fait partie intégrante du processus de rétablissement. » Pour les autorités, c’est en se focalisant sur les capacités que la personne a encore que cet objectif peut être atteint. C’est pour cela que le ministre a décidé de mettre en place en 2022, en collaboration avec les mutuelles, des coordinateurs « retour au travail » chargés d’encadrer la reprise d’activité après une incapacité de travail prolongée. Une grande partie des (ex-)patients ont en effet du mal à sauter le pas, y compris après un cancer (du sein). Frank Vandenbroucke appelle donc les employeurs à solliciter les coordinateurs « retour au travail » pour accompagner les personnes qui ont dû interrompre un temps leur carrière en raison d’un cancer du sein.

ACT Désiron

Huget Désiron, docteur en ergothérapie et fondatrice d’ACT Désiron (Arbeids Consulting Team) (www.act-desiron.com), plaide de longue date en faveur du recours aux ergothérapeutes pour soutenir les patients cancéreux dans la reprise du travail. Comment jeter des ponts entre les soins et l’activité professionnelle ? Au départ du secteur de l’ergothérapie, bien du chemin a déjà été parcouru pour assurer la réintégration professionnelle des personnes victimes d’un cancer du sein. « Il est nécessaire d’intégrer la question du travail à la prise en charge », affirme-t-elle. « Les personnes qui doivent interrompre leurs activités professionnelles pour cause de maladie s’inquiètent souvent beaucoup à ce sujet, et c’est là que les ergothérapeutes peuvent avoir un rôle à jouer. Passé la phase des soins de santé aigus, assurés par les médecins, ce sont les prestataires paramédicaux – p.ex. les kinésithérapeutes et les psychologues – qui entrent en scène pour soutenir les patients dans leurs activités quotidiennes et leur bien-être. Dès que le patient s’estime suffisamment rétabli, on pourra commencer à organiser son retour au travail. » L’ergothérapie met avant tout l’accent sur la participation. Les patient(e)s ont parfois l’impression de perdre de pied au cours de la trajectoire de prise en charge d’un cancer du sein, mais il est important qu’elles sachent dès le stade du diagnostic qu’une aide est disponible si le besoin s’en fait sentir. C’est vraiment une information qui doit leur être donnée très rapidement par les personnes qui les soignent. Il faut qu’elles sachent pour quoi elles peuvent s’adresser à l’ergothérapeute.

« Nous partons toujours du patient individuel et de ses problèmes de santé spécifiques », clarifie Huget Désiron. « La priorité, c’est son ressenti. Il faut toutefois aussi tenir compte de l’entreprise, puisque la plupart des gens doivent fonctionner au sein d’une équipe. L’ergothérapie peut analyser et formaliser cet équilibre, ce qui est important pour l’employeur et pour le patient. » ACT Désiron planche actuellement sur une feuille de route pratique qui peut aider les prestataires de soins à offrir un soutien sur mesure aux personnes qui veulent reprendre le travail après un cancer.

Témoignage

Le retour au travail après un cancer du sein n’est pas évident, comme Christelle Belle est venue l’expliquer lors de la journée d’étude. « Un travailleur qui doit s’absenter à cause d’un cancer est confronté à un parcours émotionnel en montagnes russes, mais cela reste la même personne », a-t-elle souligné dans son témoignage. « Il faut avoir l’impression que l’on reste important(e) pour l’entreprise, que ce soit au niveau de l’employeur ou des collègues. Cela fait une différence énorme. »

Rentree

Ellen Caers, coordinatrice du projet Rentree – Werken na kanker (www.rentree.eu), explique que son organisation propose les services de coaches emploi aux personnes qui ont surmonté un cancer, mais aussi à leurs collègues et à leur employeur. Les patient(e)s qui ont été victimes d’un cancer du sein peuvent s’y adresser pour un trajet d’accompagnement de la reprise du travail. « Les questions qui se posent peuvent être juridiques, techniques, mais aussi extrêmement personnelles. Quel impact aura une absence d’un an ou plus sur le salaire ou la pension ? Comment en parler aux collègues ou aux supérieurs ? Comment gérer cette situation en tant qu’employeur ? Comment conserver une activité au cours du parcours de traitement ? Chez Rentree, nous cherchons les bonnes réponses. » L’organisation existe depuis six ans environ et travaille en collaboration avec une série de partenaires dont Kom op tegen Kanker, le service public flamand pour l’emploi VDAB et la coupole flamande des acteurs de l’entrepreneuriat inclusif Sterpunt Inclusief Ondernemen. Elle propose un coaching individuel sur mesure et entièrement gratuit, centré sur la question « Comment évoluer vers une réalité professionnelle durable et épanouissante après un cancer ? » « Nous proposons les services d’un coach Rentree personnel en mettant l’accent sur le coaching pour l’emploi, des premières questions lors du diagnostic au suivi en passant par la préparation du retour et la reprise proprement dite », précise Ellen Caers. Le service s’adresse aussi bien aux salariés qu’aux indépendants, fonctionnaires et demandeurs d’emploi. « Nos coaches endossent un rôle de personne de confiance et veillent par exemple à l’équilibre entre travail et vie privée, mais peuvent aussi se charger de mettre des dossiers en ordre pour la mutuelle, par exemple. »

Rentree a aussi des conseils à donner aux chefs d’entreprise et collègues, qu’elle appelle à entretenir des contacts chaleureux et attentifs avec les travailleurs malades et à passer avec eux des accords clairs. Maintenir le contact est en effet une porte ouverte à la reprise du travail. Il peut aussi être utile de désigner un interlocuteur de référence dans l’entreprise et d’impliquer le médecin du travail. On pensera également, dans les premiers jours qui suivent la reprise, à demander à l’intéressé(e) si tout se passe bien – un dialogue qu’il est important de poursuivre pour pouvoir rectifier le tir si nécessaire, car certains reprennent trop rapidement à plein régime et devront être prudemment freinés dans leur élan. Il est aussi important de demander à la personne si elle veut parler de son cancer, car certaines ressentiront le besoin de se confier alors que d’autres n’en ont pas du tout envie. Clarifier la question d’emblée permettra donc d’éviter tout malentendu. On veillera par ailleurs à mettre en place une stratégie de réintégration. À qui le travailleur peut-il s’adresser s’il a des questions ? Qui est au courant ? Qui est la personne de contact ?

Cohezio

Katja Janssens, manager psychosociale auprès du service externe pour la prévention et la protection au travail Cohezio (www.cohezio.be), accompagne également des malades de longue durée qui souhaitent reprendre une activité professionnelle. « Nous proposons un accompagnement à taille humaine », souligne-t-elle. L’organisation conseille également les employeurs et les cadres, qui peuvent même solliciter son intervention sur place dans l’entreprise. Katja Janssens résume les aspects fondamentaux d’une réintégration réussie :

  • Garder le contact tout en respectant la vie privée

Lorsqu’une collaboratrice ou collègue est victime d’un cancer du sein, gardez le contact. Faites-lui savoir que vous êtes là et convenez de ce qui peut être communiqué aux collègues. Une petite attention de temps en temps peut faire un monde de différence.

  • Impliquer l’équipe

Des mesures spécifiques – p.ex. une fonction à temps partiel ou une réorganisation de l’équipe – sont-elles nécessaires pour la reprise du travail ? Parlez-en avec l’équipe de la personne concernée.

  • Savoir dire non

Dire non au tabou qui entoure le cancer du sein, qui doit pouvoir être abordé en toute ouverture, mais aussi dire non pour poser des limites.

  • Chaque chose en son temps

Il est important de se focaliser sur le moment présent et de réaliser la réintégration pas à pas, en prêtant attention d’abord aux besoins actuels.

  • Capacités et résilience

Investissez dans la résilience de la patiente et de l’équipe, en examinant ensemble ce qui est ou non possible. Il est important d’encadrer non seulement la personne directement concernée mais aussi ses collègues proches, et ce aussi bien au cours du congé maladie qu’au moment de la reprise. Là encore, gardez le contact et renseignez-vous sur les desiderata de la patiente.

Témoignage

Magali Mertens de Wilmars a fondé son asbl Travail et Cancer (www.travailetcancer.org) après avoir elle-même souffert de la maladie. « Après la fin du traitement, on se sent un peu perdue. L’idée d’un retour à la vie d’avant ne correspond pas à la réalité. La vie ne sera plus jamais comme avant », témoigne-t-elle. C’est au départ de son expérience personnelle qu’elle a fondé son association et qu’elle coache aujourd’hui d’autres personnes victimes d’un cancer du sein.

« En Belgique, on est automatiquement soit actif, soit inactif, or ce n’est pas ce qui se passe dans les faits. Reprendre le travail est un processus collectif. C’est apprendre à vivre avec les effets secondaires à long terme. Les collègues finissent par décrocher à un moment donné, alors qu’on est encore soi-même régulièrement très fatigué. On n’est plus capable de faire son travail comme on l’aurait voulu, on reste vulnérable. Le cancer a aussi toujours un impact négatif sur les revenus. Un coach pourra vous aider à vous retrouver et à accepter la personne que vous êtes devenue. Pour bien des patients, la maladie est toutefois aussi la source d’une force nouvelle : ils ont plus d’empathie qu’avant et sont mieux à même de fixer leurs priorités. »

VBO

Dans son allocation de clôture, Kris De Meester, premier conseiller du centre de compétences travail et sécurité sociale de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), a appelé les entreprises à signer la charte éthique élaborée pour les employeurs par la FEB et Pink Ribbon – un document qui reprend un certain nombre de points stratégiques auxquels les employeurs peuvent se rallier pour faciliter la réintégration professionnelle des patientes victimes d’un cancer du sein (https://pink-ribbon.be/fr/info/montrez-votre-soutien-en-votre-qualite-demployeur). « Il existe suffisamment d’acteurs pour soutenir les entreprises », a-t-il conclu en revenant brièvement sur la journée d’étude.

« Lorsqu’une personne reçoit un diagnostic de cancer, toute l’attention se focalise sur le traitement et la guérison et tout le reste est mis en suspens, ce qui est très dur à vivre. Mieux vaut se concentrer aussi sur d’autres choses et notamment sur le travail. » Kris De Meester réclame aussi plus d’attention à une employabilité durable. « Si nous voulons que les travailleurs atteints d’un cancer du sein puissent continuer à fonctionner, il est important de chercher un bon équilibre entre leurs connaissances, leurs aptitudes et leur situation professionnelle. Qu’attendent-ils de leur réintégration ? Quels sont les types de fonctions qui conviennent ? Qu’en est-il des conditions de travail ? Veillez à trouver un bon équilibre. L’emploi pourra ainsi devenir un soutien au cours de la maladie et de la période qui suit. » Kris De Meester a néanmoins bien conscience qu’il reste du chemin à faire. « Les entreprises ont besoin d’une approche plus large focalisée sur le travailleur atteint d’un cancer en tant que personne. Il faut du sur-mesure. Veillez à maintenir un lien entre le patient et son travail, mais en ajustant l’intensité. Proposez-lui par exemple de suivre les réunions en ligne sans y participer directement. Tenez compte des besoins et desiderata. Ce n’est pas parce qu’une personne a été victime d’un cancer qu’elle a soudain perdu toutes ses compétences ! »

Compte-rendu : Marleen Finoulst, modératrice de la journée d’étude

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