Reprendre le travail après un cancer du sein
Diagnostic Traitement Après le cancer du sein Retour au travail Pink Monday27/11/2020 - Supposons qu’une femme souhaite retourner au travail après un cancer du sein. Ou qu’elle préfère continuer à travailler, à temps partiel ou non, pendant son traitement. Comment être certain que tout se passe bien, tant pour elle que pour son employeur? Comment coordonner les souhaits et les préoccupations des deux parties? Mais aussi, comment concilier la productivité d’une entreprise tout en préservant au mieux le capital humain ? Depuis plus de 30ans, le Dr Huget Désiron (Hasselt), avec son organisation ACT-Désiron (Arbeids Consulting Team, ou équipe de conseil pour l’emploi), se préoccupe de ces questions et s’est spécialisée dans le conseil en réinsertion professionnelle, pendant et après la maladie.
« Il est essentiel de donner aux patients les conseils à temps. Ils devraient recevoir des informations sur leurs perspectives d’emploi dès le diagnostic. »
TERRE EN FRICHE
Après ses études, Huget Désiron a travaillé comme ergothérapeute dans un hôpital. Elle y a vu de nombreux patients en rééducation qui s’interrogeaient sur leur avenir professionnel. Elle a constaté que sa formation et son domaine ne lui permettaient pas de leur apporter de réponse toute faite. Elle a dès lors suivi une formation complémentaire en ergonomie et a monté un cabinet indépendant afin d’accompagner les entreprises dans la réinsertion de leurs salariés.
« Il y a 30ans, ce domaine était encore peu développé, en particulier pour les patients atteints de cancer. Non seulement les chances de guérison étaient beaucoup plus faibles, mais il n’était pas non plus très aisé de reprendre le travail après un cancer. S’il y avait un lien entre ergothérapie et cancer, il se concentrait principalement sur la situation privée, comme les effets secondaires ayant un impact sur la vie quotidienne et sur le ménage. Il n’était pratiquement jamais question du travail. »
Huget Désiron a comblé cette lacune et – avec ses étudiants en ergothérapie de la Haute école PXL – a mené des recherches sur la réinsertion des patientes atteintes d’un cancer du sein. Son doctorat (en sciences biomédicales à la KU Leuven, en 2016) a également traité de ce thème, avec pour titre « Retour au travail chez les patientes atteintes d’un cancer du sein ».
QUESTIONS ET RÉPONSES
Grâce à un projet de recherche au Jessa Hospital de Hasselt et à l’UZ Gasthuisberg de Leuven (financé par l’asbl flamande Kom Op Tegen Kanker), Huguet Désiron a pu se faire une meilleure idée des conditions pour initier un retour au travail en douceur.
« Il est essentiel de donner aux patients les conseils à temps. Ils devraient recevoir des informations sur leurs perspectives d’emploi dès le diagnostic, et pas uniquement sur les aspects médicaux et psychosociaux de leur maladie. Dans tous les cas, les gens se posent des questions : que dois-je dire à mon patron, combien de temps vais-je être en congé maladie, puis-je continuer à travailler à temps partiel ou demander un travail adapté à mon retour ? Ils pourraient trouver une aide précieuse auprès d’un expert de l’hôpital qui leur apporterait des réponses à leurs questions. Ce n’est pas toujours le cas maintenant. »
Afin de répertorier l’offre actuelle, elle a mis en place une étude avec ses étudiants (financée par le centre de connaissances du Service des indemnités de l’Inami) : l’étude Practice Based Evidence. Il a été demandé aux prestataires de soins des hôpitaux dans quelle mesure il existe un soutien pour le retour au travail actuellement, et ce qu’ils estiment nécessaire pour optimiser ce processus. Il en ressort qu’un travail est nécessaire: seulement 10% des hôpitaux déclarent offrir ce service de manière structurée, sous la forme d’un service social ou d’un onco-coach qui pose systématiquement la question aux patients. Environ 20% des hôpitaux participants n’assurent pas (encore) ce rôle et plus de 70% sont toujours à la recherche d’une bonne approche.
PIÈCES DU PUZZLE
Environ 60% des patientes atteintes d’un cancer du sein retournent au travail. « Autrement dit, 40% n’y parviennent pas, souligne Huget Désiron. Sans oublier les abandons: les femmes qui reprennent le travail mais qui doivent jeter l’éponge après un certain temps. »
L’accompagnement doit être du sur mesure, car il faut tenir compte certes de la situation du patient, mais aussi de celle de l’employeur. Une PME qui survit péniblement offre un contexte bien différent d’une entreprise florissante. « Je trouve une grande satisfaction personnelle lorsque toutes les pièces du puzzle se mettent enfin en place. Mais il est important que le cadre du puzzle soit posé par la patiente elle-même. Quand se voit-elle retourner au travail, comment envisage-t-elle concrètement son retour au travail? Nous venons avec cette proposition vers l’employeur (souvent avec le médecin du travail comme personne de contact), qui nuance ou fait des ajustements. Après cela, le médecin-conseil de la mutuelle peut prendre la décision finale et donner le feu vert. »
Soit dit en passant, Huget Désiron voudrait dissiper un malentendu: « Dans les médias, on entend ou on lit principalement des histoires d’employeurs qui ne comprennent pas les employés malades, voire les assomment de travail. Je pense qu’il s’agit là d’exceptions. La plupart des employeurs avec lesquels j’ai travaillé, et il y en a pas mal, sont préoccupés par leurs employés et sont en réalité très impliqués dans le retour au travail. »
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