Fournir des informations fiables et accessibles sur le cancer du sein a toujours été l’un des fers de lance de Pink Ribbon. L’ASBL a toutefois ressenti le besoin de passer à la vitesse supérieure, car de nombreux non-sens circulent sur le cancer du sein, et ils sont susceptibles d’induire les citoyens et les patients en erreur. D’où l’appel lancé à Marleen Finoulst, médecin et journaliste, en 2022.

Vous êtes médecin et journaliste. Ce n’est pas courant.

Marleen Finoulst : « C’est vrai. Après avoir été médecin généraliste et avoir travaillé comme médecin au Congo pendant un an, je suis arrivée dans le secteur des médias un peu par hasard. J’ai eu envie de fournir au public des informations compréhensibles sur des questions médicales. Au début, je combinais mon métier de médecin avec celui de journaliste, mais ça s’est avéré compliqué au bout d’un moment, d’autant que j’avais trois enfants. Qui plus est, j’étais de plus en plus sollicitée par les journaux, la radio et la télévision. »

Comment êtes-vous arrivée chez Pink Ribbon ?

MF : « J’ai assuré la rédaction du magazine Pink Ribbon à deux reprises, en 2020 et en 2021. L’occasion de découvrir l’équipe, l’ASBL et ses ambitions. Je m’y suis complètement retrouvée. Quand on m’a demandé de créer un centre de connaissances sur le cancer du sein, je n’ai donc pas hésité une seule seconde. »

En quoi consiste votre travail pour le centre de connaissances ?

MF : « Je suis les progrès dans le domaine du cancer du sein et je reformule les informations susceptibles d’intéresser les citoyens dans un langage compréhensible. Nous tordons aussi le cou aux idées reçues sur le cancer du sein, nous sensibilisons les hommes et les femmes aux signaux d’alarme et nous répondons aux questions de fond que reçoit l’ASBL. Je reçois l’aide de nombreux spécialistes de la maladie, à commencer par Jan Lamote et Birgit Carly, deux chirurgiens spécialisés dans le cancer du sein qui siègent au conseil d’administration de l’ASBL Pink Ribbon. Jan est notre président. Je peux aussi compter sur un vaste réseau d’oncologues, d’infirmiers spécialisés dans le cancer du sein, de psychologues et d’autres experts pour me fournir des informations et du feed-back. »

De nombreuses fausses informations circulent sur le cancer du sein. Pouvez-vous nous donner un exemple ?

MF : « Absolument. En septembre, l’ancien mannequin Elle MacPherson a déclaré dans les médias qu’elle avait eu un cancer du sein il y a sept ans, qu’elle avait refusé les traitements habituels et qu’elle s’était complètement débarrassée du cancer grâce à des thérapies alternatives. Ce genre de déclaration m’exaspère, car je sais que ce n’est pas possible et que des gens vont vouloir suivre son exemple. Quand on va chercher un peu plus loin, on comprend qu’Elle MacPherson a bien été opérée et qu’elle a seulement refusé la chimiothérapie, qui n’est pas toujours nécessaire. Nous l’avons précisé sur le site web. »}

Qu’est-ce qui vous pousse à décortiquer toutes ces informations ?

MF : « Je déteste l’injustice. Ça m’empêche même parfois de dormir quand des personnes atteintes d’un cancer passent à côté d’un traitement indispensable parce qu’elles sont mal informées. J’y ai toujours puisé de la motivation. En 2024, on a salué mon combat contre la désinformation dans le domaine de la santé. J’ai reçu le prix Zeste Vijs du SKEPP (réseau d’étude de l’évaluation critique des pseudosciences et du paranormal), une association qui lutte contre la pseudo-information. J’en suis aujourd’hui la vice-présidente. La désinformation continue de me passionner. Il ne faut pas sous-estimer son impact. »

Y a-t-il aussi du positif ?

MF : (Rires) « Bien sûr ! Les chances de survie sont excellentes si le cancer du sein est dépisté à temps. Les scientifiques, y compris en Belgique, s’attellent constamment à mettre au point de nouvelles thérapies contre le cancer, avec des résultats ! En l’espace de quelques générations, on a trouvé des traitements efficaces contre certains cancers du sein, alors qu’il n’y en avait pratiquement aucun avant. Épinglons aussi l’engagement inlassable des cliniques du sein agréées, qui entourent et accompagnent les patients atteints d’un cancer du sein avec beaucoup de compassion. Enfin, n’oublions pas les patients. Notre centre de connaissances a pu filmer une série de témoignages de femmes très courageuses qui racontent comment elles donnent un sens à leur vie malgré un cancer à un stade parfois avancé. Ces témoignages m’ont vraiment émue. »

Terminons par le livre que vous avez écrit : Étreintes. Quel en est le concept ?

MF : « Étreintes donne la parole à dix proches (partenaires, parents et enfants) de patients atteints d’un cancer du sein. D’après une enquête menée par le centre de connaissances en 2023, ces proches se sentent souvent seuls et démunis, car toute l’attention se porte sur le patient. Notre livre a pour but de réconforter l’entourage des patients. Il donne aussi la parole à dix experts. »

Le centre de connaissances sur le cancer du sein ne se croise visiblement pas les bras.

MF : « Et comment ! Pink Ribbon met tout en œuvre pour sensibiliser davantage le public au cancer du sein. Plus le dépistage est précoce, plus les chances de survie augmentent. »