Une féminité à reconstruire
Soins psychosociauxTerminée l'époque où le cancérologue ne se préoccupait que des tumeurs mammaires à ôter! La fréquence des cancers du sein et le fait que des femmes parfois jeunes soient également touchées ont favorisé le développement de techniques chirurgicales innovantes. Des gestes se focalisant tant sur la thérapie que sur les aspects esthétiques. Évoquée idéalement dès l'annonce du diagnostic du cancer du sein, la reconstruction mammaire suite à une chirurgie radicale offre la possibilité de se projeter concrètement dans l'avenir. Pourtant, son objectif ne se limite pas au domaine esthétique et/ou psychologique. Même si ce geste permet de retrouver sa féminité et sa confiance en soi à une période où celles-ci ont été bien malmenées, il permet aussi de récupérer un confort physique et de prévenir certaines des douleurs associées au traitement.
Aucune incidence négative
N'hésitons pas à le rappeler : la reconstruction du sein ne présente aucune incidence sur l'évolution du cancer. Elle ne compromet pas les chances de guérison, ne perturbe pas les surveillances ultérieures et ne favorise pas la récidive. Ensuite, il existe diverses méthodes dont le choix dépend de chaque patiente (opération courte ou non, convalescence brève ou non)… mais aussi de l'expérience du chirurgien. Voilà pourquoi, même dans une telle période de bouleversements émotionnels, cela vaut la peine de récolter plusieurs avis…
Remodelage immédiat
Lors d'une chirurgie pour cancer, la glande mammaire est complètement (mastectomie) ou partiellement (tumorectomie) excisée. Si l’exérèse est partielle, le chirurgien ne retire que la tumeur et les tissus avoisinants : un remodelage est alors effectué afin de ne pas souffrir d'un galbe du sein déformé et d'assurer une symétrie avec le sein non touché. Lorsque l'ablation est totale (glande mammaire, aréole et zone cutanée péri-aréolaire), l'enveloppe cutanée est préservée au maximum, en vue d'une éventuelle future reconstruction : celle-ci, concernant le galbe du sein, le mamelon et l'aréole, se réalisent en plusieurs étapes, s'étalant sur plusieurs mois. Si une radiothérapie ou une chimiothérapie ne sont pas programmées après les gestes chirurgicaux, la mastectomie et la reconstruction peuvent même souvent être effectuées durant le même temps opératoire. L'intervention ainsi que la convalescence sont plus longues et plus douloureuses mais avec des avantages non négligeables : une seule anesthésie, moins de cicatrices et surtout pas de face-à-face douloureux avec le sein absent…
A la recherche du naturel
Différentes solutions sont prévues : la prothèse interne peut-être remplie de gel de silicone (qui fournit des résultats les plus naturels au toucher) ou de solution physiologique. Elle s'insère sous le muscle pectoral. Il s’agit d’une intervention courte associée à une convalescence rapide. Les résultats sont néanmoins quelquefois décevants car la poitrine semble plus figée et n'est pas toujours symétrique… Les coques ou fibroses périprothétiques (une défense naturelle de l'organisme contre un corps étranger) surviennent plus fréquemment après une radiothérapie. Elles sont sans danger mais sont responsables d'un aspect non naturel et de gênes inconfortables.
Un peu de soi
La reconstruction du sein peut également être réalisée avec ses propres tissus (peau, muscle, excès de graisse…), lesquels sont transférés, transplantés et façonnés au niveau du sein. Ces tissus sont prélevés au niveau du dos, de l'abdomen, etc. Et ce, avec des résultats très naturels tant au niveau de la souplesse que de la mobilité de la poitrine. Mais l'opération est longue (2 à 5 heures) et nécessite plus de dextérité. La douleur est plus importante et la convalescence s'étend sur plusieurs semaines. Les complications décrites sont d'éventuels troubles de revascularisation des tissus. On note par ailleurs de plus larges cicatrices mais celles-ci s'estompent progressivement avec les années. Quant aux techniques les plus récentes, elles utilisent des lambeaux microchirurgicaux, épargnant la musculature abdominale. Il s’agit d’une opération longue et délicate mais qui donne de magnifiques résultats avec un aspect très naturel du sein.
Parole d'expert: Dr Pino Cusumano, gynécologue, chirurgien oncoplastique.
En quoi consiste la chirurgie oncoplastique ?
“C'est une discipline récente, nécessitant une réelle formation et actuellement réalisée essentiellement en Angleterre et en France. Il s'agit d'une fusion de l'oncologie et de la plastie : soit, une chirurgie qui respecte intégralement les exigences oncologiques (réséquer totalement la tumeur, respecter des marges saines, ne pas retarder les suites des traitements de chimio ou radiothérapie…). Mais en ajoutant, dans le même temps opératoire, des gestes destinés à obtenir un résultat esthétique satisfaisant.”
L'objectif est-il essentiellement cosmétique ?
“Non. Lors d'une telle chirurgie, le praticien non formé risque de créer des séquelles, des creux, des asymétries… Avec parfois des conséquences psychologiques, plastiques et physiques, sources de douleurs, de perturbation de la mobilité, de défaut de sensibilité, etc. En observant ces conséquences néfastes, le Dr Clough a ainsi mis au point les nombreuses techniques d'oncoplastie, destinées à les prévenir. Une avancée d'autant plus importante que certaines séquelles importantes ne pourront être ensuite réparées que via une mastectomie associée ou non à une reconstruction.”
A qui s'adressent ces gestes?
“A toutes les femmes souffrant de cancer mammaire et confrontées à un traitement conservateur du sein. Désormais, les techniques d'oncoplastie sont même prévues chez celles souffrant de grandes tumeurs, jusqu'à 5 cm. Dans ces cas-là, il faut prévoir des techniques pour remodeler directement le sein afin de combler les creux.”
Qui pratique ces interventions ?
“Différents niveaux sont établis en oncoplastie: le premier, qui devrait être connu et pratiqué par tous les chirurgiens. Et le second, plus technique et nettement plus sophistiqué. Ce qui exige une formation à la fois en chirurgie générale et en chirurgie plastique. Et dans certains cas plus délicats, nous travaillons à quatre mains avec un chirurgien plastique.”
Parvenez-vous à anticiper les conséquences d'une radiothérapie sur un sein opéré ?
Suite à ces rayons, qui sont entamés endéans les 3 à 6 semaines après l'excision de la tumeur, le sein irradié risque d'augmenter ou de diminuer de volume. Nous anticipons la situation dans une certaine mesure puis nous symétrisons le sein opposé 6 à 12 mois après la chirurgie oncoplastique et la radiothérapie.”
Quel conseil donneriez-vous aux patientes?
“Après un diagnostic de cancer du sein, il n'y a pas d'urgence : l'intervention peut être programmée endéans les 6 semaines. Les femmes ont donc le temps de s'offrir un délai de réflexion et de bien se renseigner.”
Source : Michèle Rager
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