Le cancer du sein et moi, quand tout a basculé ! Une année de traitement et de transformation
Diagnostic Traitement Après le cancer du sein Amitié05/06/2021 – Le jour où Inge a appris qu'elle souffrait d'un cancer du sein restera gravé à jamais dans sa mémoire. Passé le choc, elle s'est mise à paniquer, puis a entamé un long chemin semé tantôt de solitude, tantôt de soutien, toujours d'espoir, et finalement d'acceptation. Gretel, sa meilleure amie, lui a envoyé des chaussettes tricotées maison pour la réconforter dans les moments difficiles. RebelOnSocks était née, une marque de chaussettes représentant la personnalité douce et aimante d'Inge, "rebelle" pour sa force et son ouverture d'esprit. RebelOnSocks est aussi le nom du blog que tient Inge sur son combat ultime contre le cancer du sein durant la période de Covid19 et de confinement. Elle nous livre ici une partie de son histoire.
Comment vais-je le dire à mes proches alors que les contacts ne sont pas autorisés ?
Le 24 juillet 2020 sera à jamais inscrit dans ma mémoire. En prenant ma douche, j'ai découvert une grosseur dans mon sein gauche. Cela m'a fait un choc terrible et ma première réaction a été la panique. C'est quelque chose que je n'avais encore jamais senti et j'ai tout de suite deviné que ça pouvait être grave. Le jour même, je suis allée voir mon docteur qui m'a prescrit des examens. Après la biopsie à l'hôpital, j'ai reçu un coup de fil angoissant de mon médecin : "Si vous pouviez venir. Les résultats sont tombés et ce n'est pas bon, pas bon du tout." Apparemment, il s'agissait d'une tumeur agressive, “triple négatif”. Ce sont des tumeurs connues pour leur agressivité et leur propension à essaimer, je n'avais donc pas trop le temps de réfléchir. Et comme c'est le genre de tumeur qui peut être héréditaire, il fallait aussi investiguer de ce côté-là. Pendant les consultations, je n'en menais pas large, j'arrivais à peine à articuler deux mots. J'entendais des explications par bribes : … agressif… facteur héréditaire… préserver le sein ou opter pour une mastectomie… première chimio… Des tas d'inconnues vous tombent dessus. En même temps, j'avais des tonnes de questions et une terrible angoisse. Nous venions de sortir d’une période de confinement suite au Corona et tout avait déjà basculé dans le monde entier. Comment annoncer, avec un masque et à distance, une telle nouvelle à ses proches ?
J'ai voulu prévenir ma famille proche le plus vite possible, notamment parce que je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait. Est-ce que j'avais des métastases ? A quel point était-ce grave ? Le plus dur a été d'annoncer la mauvaise nouvelle à mes parents et aux enfants. Savoir que son enfant est gravement malade, c'est vraiment la dernière chose qu'on a envie de vivre en tant que parent. Et en tant que maman et belle-mère, annoncer une telle chose est vraiment déchirant. J'ai envoyé un petit mot identique à mes amis, quasi simultanément… pas trop le choix au vu du coronavirus : quand j'avais quelqu'un au téléphone, je n'obtenais que des larmes et du chagrin. Moi, j'arrivais à peine à parler, mais les choses ont lentement fait leur chemin. Le gens autour de moi se posaient aussi beaucoup de questions, dont certaines auxquelles j'étais (encore) incapable de répondre. Parfois, ce qu'on me demandait me bouleversait, et ça amplifiait mon angoisse.
Face à face avec le côté vulnérable et conflictuel de la chimio
Après le diagnostic, tout est allé très vite. Scanners, examens, entretiens médicaux, une première, puis une deuxième série de séances de chimio, l'opération chirurgicale et les rayons… J'ai eu la totale. Lors de la première chimio, on m'a conseillé de m'acheter une perruque, car j'allais rapidement perdre mes cheveux. Ma maman m'a accompagné chez une spécialiste. Pendant l'essayage, nous avons réussi à en rire toutes les deux, l’humour reste si important lors de cette phase. Mais le jour où ma perruque a été fin prête, j'avais déjà perdu pas mal de cheveux. On m'a rasé la tête en présence de ma mère. Sur le moment, je n'ai pas osé me regarder dans le miroir, c'était trop dur. Vous voilà, rasée et en tout vulnérabilité, prête à affronter la chimio. Mes cils et sourcils sont tombés et je me sentais comme l’ombre de moi-même. Heureusement, les réactions sur ma perruque étaient super positives. Apparemment, elle se remarque "à peine". Je le conseille vraiment à toutes les femmes qui sont confrontées à la chute de leurs cheveux.
De septembre à janvier, j'ai d’abord subi une chimio tous les quinze jours et ensuite, toutes les semaines. J'avais à peine la capacité – et l'envie – de manger, à cause d'aphtes dans la bouche. Certaines odeurs, et même la simple pensée de la chimio, me donnaient déjà la nausée. Je me sentais vraiment misérable, j’avais du mal à faire marcher suite aux picotements dans mes orteils. Je me sentais si fragile et vulnérable lors du déroulement de ce processus. La première série de chimio m'a donné la nausée, mais la deuxième m'a épuisée. Entre les deux, un scanner a montré une réduction de la tumeur, et elle était complètement introuvable après la dernière séance. Ce qui prouve que la chimio fonctionnait. Ce bon résultat m'a redonné du courage et de l'espoir. C'est ça qu'on cherche et qu'on a besoin d'entendre ! C’était un point positif dans ce combat et cela m’a préparé pour les prochaines étapes du traitement.
Un sentiment de solidarité malgré l’isolation
Le Covid19 n’a pas contribué à un réseau de soutien actif. Des réunions ou des ateliers à l’hôpital ont été annulés. Les consultations se faisaient derrière un masque et me procuraient un sentiment d’anonymat. On m’a à chaque fois déposé à l’hôpital car personne n’était autorisé à entrer avec moi. J'ai tout de même ressentis beaucoup de soutien autour de moi et de solidarité. A la clinique, je suis entourée d'infirmières motivées, d'un onco-coach et d'un oncologue pleins d'empathie. Mes parents et beaux-parents m'aident à la maison, pour le ménage, et ça n'a pas de prix ! Je reçois tellement de messages gentils, encourageants, qui me réchauffent le cœur, des fleurs, des cartes et des cadeaux de mes proches. Ils se relaient pour me conduire à la chimio, ils viennent faire de courtes promenades avec moi… Je les en remercie chaque jour ! Ce soutien est vital dans le processus de traitement, puis de guérison. Sur le conseil d'une amie, j'ai décidé de tenir un blog pour rester en contact avec la famille et les amis dans mon processus de guérison et les tenir au courant de ce que je traverse. Ça me permet aussi de trouver un certain apaisement, en traversant les choses à mon rythme. Après chaque post sur mon blog, j'ai des réactions de gens qui s'y reconnaissent, si bien que les conversations vont bien au-delà des simples questions médicales.
Je suis encore en traitement, sans doute jusqu'à cet été. La radiothérapie est terminée depuis fin avril et je suis maintenant en pleine réhabilitation dans le département de physiologie de l'hôpital. Le chemin de la guérison est donc encore long, mais j'essaie d'avancer étape par étape et, entre temps, de me projeter dans l'avenir grâce à des méditations (visuelles) et en gardant un état d'esprit positif. J'en parle beaucoup sur mon blog. Cette maladie et le traitement lui-même sont franchement lourds, on se sent atteinte dans sa féminité. C'est un processus mentalement et émotionnellement difficile à encaisser. J'ai choisi de ne pas rester seule. Je me fais aider par un coach qui me guide et m’aide à gérer mes angoisses, à me débarrasser d'un éventuel sentiment de culpabilité, à concrétiser mes rêves d'avenir et à trouver ma voie vers la transformation.
À toutes les femmes qui, en ce moment, se battent aussi contre un cancer du sein, j'aimerais donner du courage et de l'espoir. Tout d’abord, en plus de traiter la maladie et de suivre les traitements, accordez-vous du temps et du repos pour rester proche de vous-même et pour penser à vous-même. Acceptez les offres d’aide et surtout prenez soin de vous. Si une glace peut rafraîchir votre bouche, prenez-là, même si on est en pleins milieu de l’hiver ! Ecoutez votre corps et prêtez attention à ce que vous ressentez et ce dont vous avez besoin. Mais en même temps, n’oubliez pas d’accorder beaucoup d’attention à votre esprit. Faites quotidiennement de la méditation et répétez les pensées positives qui alimentent votre esprit, visualisez votre avenir après le processus de guérison et gardez cette perspective à l'esprit. Avec vos amis, faites une liste des choses que vous rêvez de faire. Je crois au pouvoir de guérison de la pensée positive. Je réfléchis aussi énormément aux causes possibles de cette horrible maladie : je suis devenue hyper consciente de l'importance d'adopter un mode de vie sain et d’avoir un équilibre entre le stress du quotidien et son travail, car cela a un impact sur le corps. Ce sont des leçons de vie et des expériences que je garderai à l'esprit dans ma nouvelle vie. To be continued in the beautiful years to come !
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